aussi bien jouée à Paris qu’elle l’a été à Genève, à moins que ce ne soit Préville qui fasse le principal rôle. Vous avez un La Thorillière et un Bonneval[1] qui sont l’antipode du comique. Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent. Je ne sais si la Femme qui a raison vaut quelque chose, et si l’on n’est pas plus difficile à Paris qu’à Genève. J’ignore surtout si on peut être plaisant à mon âge ; c’est à vous à en décider, à donner la pièce si vous la jugez passable, et à la jeter au feu si vous la croyez mauvaise. Pour Fanime, nous la jouerons encore à Lausanne, s’il vous plaît ; après quoi vous en serez le maître absolu, comme vous l’êtes de l’auteur. Je vais faire un voyage dont je n’ai pu me dispenser ; et le seul voyage que je voudrais faire m’est interdit. Il est triste de courir chez des princes, et de ne pas voir son ami.
J’ai vu enfin les Sept Péchés mortels[2] de M. de Chauvelin ; c’est le plus aimable damné du monde. Je le remercie du huitième péché mortel qu’il veut faire, en disant à qui vous savez[3] combien je lui suis attaché, etc.
Je me flatte que Mme d’Argental est en bonne santé. Mes respects à tous les anges. Adieu, mon cher et respectable ami. Je me console toujours de mon voyage, en espérant une lettre de vous à mon retour.
Vous me recommandez, ma chère sœur, de visiter Nîmes ; nous avons prévenu vos désirs. M. du Boccage, malgré la goutte, à l’aide de ses porteurs, l’a parcouru avec moi.
… Revenons à ce petit temple de pierre, le plus parfait, le moins mutilé de ceux qui restent des Césars… L’abbé Barthélémy[5] a pris le dessin des
- ↑ Anne Maurice Le Noir de La Thorillière, reçu à la Comédie française en 1722, mort le 23 octobre 1759. — Bonneval, reçu au même théâtre en janvier 1742, se retira en 1773.
- ↑ C’est à l’occasion de cette pièce que Voltaire adressa à Mme de Chauvelin sept vers qui sont dans les Poésies, tome X.
- ↑ L’abbé de Bernis.
- ↑ Recueil des Œuvrcs de Mme du Boccage, Lyon, Périsse, 1762, tome III. page 395. — Marie-Anne Le Page, épouse de Fiquet du Boccage (1710-1810) à laquelle ses contemporains avaient donné pour devise : Forma Venus, arte Minerva. Ses lettres, adressées à sa sœur, Mme du Perron, ont survécu à ses poëmes et à ses tragédies.
- ↑ L’auteur du Voyage du Jeune Anacharsis (1716-1795).