Monsieur, permettez que je vous parle d’abord de boire : car s’il est vrai que le marécbal de Daun ait déconfit le roi de Prusse, nunc est bibendum, nunc pede libero pulsanda tellus.
Je crois bien que vous n’avez pas, cette année, le meilleur vin du monde. Mais si vous en avez de potable, et qui soit seulement du vin d’ordinaire à bon marché, je vous en demande trois tonneaux.
J’ai une autre grâce à vous demander, monsieur ; je soumets à vos lumières et je recommande à votre protection le mémoire ci-joint[2]. Il est fondé sur la plus exacte vérité, et j’ai toutes les pièces justificatives ; un mot de vous à M. Drouin peut tout finir, et je serai infiniment sensible à votre bonté. Je ne mets point d’enveloppe pour épargner les frais inutiles.
Je n’en suis pas avec moins de respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Mon cher ami, je reçois la cargaison de livres anglais sur lesquels je n’avais plus compté. J’avais fait venir, il y a six mois, les mêmes volumes de Londres. Les uns seront dans mon cabinet des Délices ; les autres, dans celui de Ferney : on n’en saurait trop avoir : tous ces livres sont contre les prêtres. À qui faut-il que je paye ? Je suis tout prêt, et je vous remercie de tout mon cœur.
On est très-irrité, à Berne, contre le ministre de Vevay ou de Lausanne, auteur du punissable libelle inséré dans le Mercure suisse[3] ; et, s’il est découvert, il portera la peine de son insolence.
Vous avez bien raison de plaindre notre ami Polier de Bottens, qui a eu la faiblesse de se laisser gourmander par des cuistres,