Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/562

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
552
CORRESPONDANCE.

vaux. Je possède huit cavales fort belles. J’ai auprès de moi un de mes parents, nomme Daumart, mousquetaire du roi, qui me parait avoir beaucoup de talents pour les haras.

Je vous offre mes services, monsieur, et ceux de mon parent. On dit que vous voulez bien prêter des étalons du roi aux seigneurs des terres qui veulent s’en charger : c’est à vous à décider jusqu’où vos bontés pour moi peuvent s’étendre. Je vous serai très-obligé de me vouloir bien honorer d’une patente de votre capitaine et directeur des haras dans le pays de Gex. Si, au bout de quelque temps, vous êtes satisfait de mon administration, vous pourrez alors donner des appointements à mon parent Daumart. Voilà ma requête présentée ; j’attends vos ordres et vos bontés. J’ai l’honneur d’être, etc.


3721. — À M.  LE CONSEILLER TRONCHIN[1].
Ferney, 17 décembre.

La copie de ma lettre à l’évêque d’Annecy vous fera voir, mon cher ami, de quoi il est question. Il est de la plus grande importance qu’on ait la bonté de me communiquer les titres par lesquels la seigneurie est en possession de la dîme de Colovrex, conjointement avec les habitants, nommés les pauvres de Ferney. Les habitants de Ferney ont perdu leur procès en qualité de pauvres, et Genève pourrait bien être attaquée en qualité de riche.


Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

3722. — À M.  HELVÉTIUS.
17 décembre.

Vos vers semblent écrits par la main d’Apollon ;
Vous n’en aurez pour fruit que ma reconnaissance.
Votre livre est dicté par la saine raison ;
Partez vite, et quittez la France.


J’aurais pourtant, monsieur, quelques petits reproches à vous faire ; mais le plus sensible, et qu’on vous a déjà fait sans doute, c’est d’avoir mis l’amitié parmi les vilaines passions[2] ; elle n’était pas faite pour si mauvaise compagnie. Je suis plus affligé qu’un autre de votre tort. L’amitié, qui m’a accompagné au pied des Alpes,

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’avarice, l’ambition, l’orgueil, le despotisme.