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ANNÉE 1758.

fait tout mon bonheur, et je désire passionnément la vôtre. Je vous avoue que le sort de votre livre dégoûte d’en faire. Je m’en tiens actuellement à être seigneur de paroisse, laboureur, maçon, et jardinier : cela ne fait point d’ennemis. Les poëmes épiques, les tragédies, et les livres philosophiques, rendent trop malheureux. Je vous embrasse ; je vous estime infiniment ; je vous aime de même, et je présente mes respects à la digne épouse d’un philosophe aimable.


3723. — DE M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1].
Tournay, ce 17 décembre 1758.

Vous pouvez compter, monsieur, sur toutes les facilités de ma part, et sur ma parole d’honneur, que je vous procurerai à Dijon tous les secours dont vous pourrez avoir besoin pour que vous ne soyez jamais troublé dans la possession libre et franche de tous droits de la seigneurie de Tournay et dépendances. Vous savez que, par votre contrat, tous les droits seigneuriaux sans exception vous appartiennent ; ainsi, quand vous prendrez le titre de seigneur de Tournay, dans les occasions qui vous paraîtront convenables à vos intérêts, je vous promets que je le trouverai fort bon, et que ni moi ni personne de ma famille ne vous fera de difficulté. À l’égard aussi de votre promesse de mettre douze mille livres à l’amélioration, embellissements de cette terre, avenues, routes dans la forêt, plants d’arbre, jardins, comblement de fossés, porte cochère, cour, appartements, démolition de tout le devant du château du côté du jardin, grilles en bois ou en fer, vous êtes le maître absolu généralement de tout ; et je passerai sans difficulté en compte les marchés que vous ferez, les descentes sur les lieux, vérifications d’architectes et d’experts en toutes sortes d’ouvrages, arpentage, devis, et généralement tout ce qui vous en coûtera pour l’amélioration du terrain, embellissements, réparations, constructions, soit par rapport aux granges, maisons, bergeries, remises, écuries, fossés, et pour le château sans aucune exception. C’est de quoi vous pouvez être sûr, aussi bien que de trois à quatre mille ceps de vigne de Bourgogne, que vous voulez bien planter, et que je vous enverrai le plus tôt possible, ce qui sera dans le compte des douze mille livres stipulées.


Brosses.

Tout ce qui est ci-dessus est conforme à ce que nous avons dit ensemble en traitant. Je vous prie seulement d’avoir égard par rapport aux devis et aux avenues, d’avoir la bonté et l’attention de faire comme vous feriez pour vous-même en bon père de famille, et de ne me pas constituer en frais de superfluités ; au reste, je vous connais trop pour ne pas savoir que vous en userez toujours en galant homme, comme vous avez coutume de faire en toutes occasions.

  1. Éditeur, Th. Foisset.