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M. le duc de Choiseul. J’augure bien de nos affaires entre les mains d’un homme qui pense si noblement, qui fait du bien à ses amis : c’est une belle âme. Dites-moi donc un peu, n’est-il pas très-bien avec la personne[1] envers qui on prétend que Dabet fut ingrate ?

Ah çà, combien de fromages de Parmesan vous donne-t-on par année ? N’est-ce pas douze mille ?

Je veux que mon ange soit à son aise. Vraiment M. le duc de Choiseul a eu très-grande raison de créer ce poste ; le beau-père Stanislas a un ministre, et le gendre[2] n’en aurait pas ?

La poste part ; je n’ai pas eu le temps de lire le volume de Mme d’Argental ; je vais le dévorer. Je baise le bout de vos ailes, à tous tant que vous êtes.


3873. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 18 juin.

Je reçois, mon ancien ami, votre seconde lettre et votre mémoire ; vous avez la bonté de m’envoyer encore quelques rogatons. Je suis très-fâché que les idées philosophiques et les églogues[3] de ceux qui ont pris le nom de Salomon courent le monde ; passe encore si c’étaient les ouvrages de mon Salomon du Nord, il est fait pour être condamné par la Sorbonne ; il n’a jamais commencé aucune de ses pièces par dire à une femme : Donnez-moi un baiser sur la bouche[4].

J’ai grand’peur que mes paraphrases du sage de Jérusalem ne courent d’une manière très-fautive ; les copistes et les commentateurs ont altéré le texte dans tous les temps.

Je n’ai point de foi au débarquement du Pretender en Écosse[5], sur une flotte russe et suédoise : cela me paraît tiré des Mille et une Nuits. À l’égard de notre descente, je fais des vœux pour elle ; mais je crains furieusement les philosophes anglais, possesseurs d’environ deux cent quatre-vingts vaisseaux de guerre. Ce sont deux cent quatre-vingts problèmes newtoniens, difficiles à résoudre par nos auteurs cartésiens.

  1. La Porapadour, qui passait pour avoir été fort intime avec Babet-Bernis. (Cl.)
  2. Philippe, duc de Parme, avait épousé Louise-Elisabeth, fille de Louis XV, morte à Versailles le 6 décembre 1759, de la petite vérole.
  3. Le Précis de l’Écclésiaste et le Précis du Cantique des cantiques.
  4. C’est le début du Cantique des cantiques.
  5. Connu sous le nom de Charles-Edouard.