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à propos. Ce que le conseil de monseigneur le comte de La Marche exige de moi est cause du long retardement du contrat. Il faut que je spécifie les domaines relevant de Gex et d’autres seigneurs. Je n’ai point d’aveu et dénombrement, Ferney ayant été longtemps dans la maison de Budée sans qu’on ait été obligé d’en faire.

Je crois avoir déjà eu l’honneur de vous mander que plusieurs seigneurs voisins prétendent des droits de mouvance qui ne sont pas éclaircis. Genève, l’abbé de Trévezin, la dame de La Bâtie, le seigneur de Feuillasse, les jésuites même, à ce qu’on dit, prétendent des lods et ventes ; et probablement leurs prétentions sont préjudiciables aux droits de monseigneur le comte de La Marche, qui sont les vôtres. J’ai lieu de croire que vous pouvez m’aider dans les recherches pénibles que je suis obligé de faire ; vos lumières et vos bontés accéléreront la fin d’une affaire que j’ai d’autant plus à cœur qu’elle vous regarde.

Si vos occupations vous dérobent le temps de rendre compte de ma lettre à monsieur l’intendant, vous pouvez la lui envoyer.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

3742. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[1].
(Janvier 1759.)

Je croyais que vous m’aviez oubliée, monsieur ; je m’en affligeais sans me plaindre, mais la plus grande perte que je pouvais jamais faire, et qui met le comble à mes malheurs, m’a rappelée à votre souvenir. Nul autre que vous n’a si parfaitement parlé de l’amitié ; la connaissant si bien, vous devez juger de ma douleur. L’ami[2] que je regretterai toute ma vie me faisait sentir la vérité de ces vers qui sont dans votre discours de la Modération.


Ô divine amitié : félicité parfaite ! etc.


Je le disais sans cesse avec délices ; je le dirai présentement avec amertume et douleur ! Mais, monsieur, pourquoi refusez-vous à mon ami un mot d’éloge ? Sûrement, vous l’en avez trouvé digne : vous faisiez cas de son esprit, de son goût, de son jugement, de son cœur et de son caractère. Il n’était point de ces philosophes in-folio qui enseignent à mépriser le

  1. Correspondance complète de la marquise du Deffant avec ses amis, etc., publiée par M.  de Lescure ; Paris, Plon, 1865.
  2. Formont.