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s’accommoder avec la province pour le sel et tous autres menus droits.

Une compagnie offre de donner aux fermes générales environ cent mille écus. Il est constant que les fermes du roi ne tirent pas deux mille six cents livres par an, tous frais faits, du pays de Gex. Ils ont quatre-vingts commis qui absorbent tout le profit. Ces commis supprimés, il reste tous les bureaux sur les chemins de Lyon, de Franche-Comté et de Bourgogne, dans des postes inaccessibles qu’on peut renforcer encore. Ce qu’on propose est le bien des fermes du roi encore plus que de la province.

Si M.  d’Épinai veut se charger de venir traiter avec nous, il sera reçu comme un libérateur. Voilà ce que nous espérons de plus consolant, en cas que vous vouliez bien être du voyage. Vous viendrez répandre ici des bienfaits, comme vous êtes accoutumée à y répandre des agréments ; vous reverrez un pays où vous êtes adorée ; tout notre bonheur viendra de vous. Une autre fois je vous parlerai Encyclopédie ; mais aujourd’hui je ne suis que citoyen d’un pays malheureux que j’ai pris en affection, et pour lequel je vous demande vos bontés. V.


4041. — À M.  JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, 5 février.

Monsieur, c’est pour dire à Votre Excellence les mêmes choses que je lui disais dans ma dernière lettre, écrite il y a huit jours, et adressée par Vienne, sous l’enveloppe de M.  le comte de Kaiserling[1], conseiller aulique ; c’est pour vous renouveler mon étonnement et mon affliction de n’avoir aucune nouvelle des paquets envoyés depuis plus de quatre mois[2]. Je ne peux cependant imaginer que les paquets aient été interceptés. Il me semble que les chemins sont libres par la voie de Vienne, et que vos troupes victorieuses assurent la liberté des courriers par la Pologne. Mon plus grand chagrin est que ce retardement de l’arrivée des deux paquets envoyés à M.  de Kaiserling, pour Votre Excellence, retarde les travaux que j’avais entrepris pour vous plaire.

Je me faisais d’autant plus de plaisir de célébrer votre nation et votre ministère dans l’Histoire de Pierre le Grand que l’un et

  1. Une lettre du 14 mai 1761 lui est adressée.
  2. Voyez la lettre 3940.