Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/446

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car il faut s’amuser. Voici encore l’amusement d’une nouvelle réponse à une nouvelle lettre de Palissot de Montenoi. Puisque vous avez eu la bonté de lui faire parvenir ma première, j’ose encore vous supplier de lui faire tenir ma seconde. Elle est argumentum ad hominem ; et, s’il ne fait pas ce que je lui demande, je pense qu’on peut alors rendre ma lettre publique ; mais ce ne sera pas sans votre consentement.

Vous aurez, par le premier ordinaire, le drame de Jodelle[1], ajusté au théâtre moderne par Hurtaud. Si cela ressemble à Nanine, j’ai tort ; si cela n’est pas gai et intéressant, j’ai encore tort ; si cela peut être joué sans qu’on soupçonne le moins du monde un autre que Hurtaud, j’aurai un vrai plaisir. Voulez-vous m’en faire un ? C’est de m’envoyer un des Mémoires de M. Lefranc de Pompignan. Tout le monde m’en parle, et je ne l’ai point vu.

Mon cœur est aussi tendre avec vous que coriace avec Pompignan. Trublet travaille au Journal chrétien. Il a imprimé que je le faisais bâiller ; Catherine Vadé dit qu’il est plus ennuyeux[2] encore que moi.

Mes respects, je vous prie, à Abraham Chaumeix, si vous le voyez chez M. Joly de Fleury.

Je ne vous en aime pas moins, mon divin ange.


4165. — À M. D’ALEMBERT.
23 juin.

Je voudrais que Thieriot m’envoyât les nouveautés, et surtout le Mémoire de M. Lefranc de Pompignan, natif de Montauban ; et Thieriot m’abandonne.

Je voudrais avoir perdu toutes mes vaches, et qu’on n’eût pas mêlé Mme de Robecq dans la Vision, parce que c’est un coup terrible à la bonne cause, parce que tous les amis de cette dame lui cachaient son état, parce que le prophète lui a appris ce qu’elle ignorait, et lui a dit : Morte morieris[3] ; parce que c’est avancer sa mort ; parce qu’elle n’avait d’autre tort que de protéger une pièce dont elle ne sentait pas les conséquences ; parce qu’elle n’avait jamais persécuté aucun philosophe ; parce que cette cruauté de lui avoir appris qu’elle se meurt est ce qui a

  1. Voyez lettre 4090.
  2. Voyez le Pauvre Diable, vers 222.
  3. I Rois, xxii, 16 ; Ézéchiel, xxxiii, 8.