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Paris, composé par M. Alethof. Les beaux esprits se rencontrent. Ce poëme vaut mieux, à mon avis, que celui que je vous renvoie, et dont pourtant je vous remercie ; mais celui du Russe est cent fois plus varié, plus intéressant, plus général, plus utile.

La lettre à Palissot ne peut être confiée qu’avec le consentement de M. d’Argental, par les mains de qui elle a passé.

Je n’ai eu que par hasard le Mémoire de Pompignan. Tout le monde me demandait ce que j’en pensais, et personne ne me le faisait tenir.

Je vous prie instamment de me dire ce qu’on fait de l’imprudent et excusable abbé Morellet, de ce pauvre Robin-mouton, d’un autre typographe, des jésuites vendeurs d’orviétan[1], des crucifiés[2], et des billets de loterie. Le nouvel emprunt, avec deux tiers en coupons et le tiers en argent, se remplit-il ? Vous n’êtes pas homme à être instruit de ce dernier article.

Comment vont vos petites affaires ? Comment vous trouvez-vous de votre nouveau gîte[3] ? Où logerez-vous dans trois mois ? Vale, et ama antiquum amicum.


4170. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 2 juillet.

Vous m’avez envoyé, madame, la plus grosse face qui soit à Strasbourg. Oh ! que ce frocart a bien l’air du secrétaire d’un intendant ! Je l’ai reçu de mon mieux. Il m’a paru enchanté de mon pays. En effet, c’est la plus jolie nature du monde, et personne ne se vante d’avoir une plus belle situation que moi. Je voulais cependant la quitter[4] ; mais je suis arrêté par mes bâtiments jusqu’au mois de septembre. J’espère bien alors avoir l’honneur de vous faire ma cour à l’île Jard. Je ne sais pas encore bien positivement si on a repris la ville de Québec. En tout cas, cela n’est bon à reprendre que l’été. Je ne vois pas ce qu’on peut faire de ce vilain pays en hiver. Paris est, l’hiver et l’été, le centre du ridicule. Ramponeau, cabaretier de la Courtille, a occupé la cour et la ville. Les convulsionnaires, qui se crucifient, ont un grand parti, et la Tournelle ne sait pas trop comment les juger.

  1. Voyez, tome X, une des notes du Russe à Paris.
  2. Voyez la lettre suivante.
  3. Thieriot, sorti de chez le marquis de Paulmy, était allé demeurer au Marais chez un médecin nommé Baron.
  4. Pour aller voir l’électeur palatin à Schwetzingen.