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homme de votre probité et de vos grands talents de refuser à un scélérat une protection qui honorerait des gens de bien. J’ose compter sur vos bons offices, ainsi que sur votre équité. Pardonnez à ce chiffon de papier ; il n’est pas conforme aux usages allemands, mais il l’est à la franchise d’un Français qui vous révère plus qu’aucun Allemand.

Un nommé Lervèche, ci-devant précepteur de M. Constant, est auteur d’un libelle sur feu M. Saurin. Il est ministre d’un village, je ne sais où, près de Lausanne. Il m’a écrit deux ou trois lettres anonymes sous votre nom. Tous ces gens-là sont des misérables bien indignes qu’un homme de votre mérite soit sollicité en leur faveur.

Je saisis cette occasion de vous assurer de l’estime et du respect avec lesquels je serai toute ma vie, etc.


Voltaire[1].

3780. — À M. BERTRAND.
À Tournay, par Genève, 16 février.

Mon cher ami, le voleur Grasset, imprimeur du libelle diffamatoire, et le prétendu bel esprit rédacteur de cet infâme ouvrage, trouvent dans Lausanne de la protection, et surtout auprès des examinateurs de l’Académie, dont un membre est associé avec Grasset. Ils remuent ciel et terre, et font servir, selon l’usage, le prétexte de la religion pour justifier leur brigandage. Je me flatte qu’ils ne trouveront pas la même faveur auprès des esprits désintéressés, nobles et éclairés, des seigneurs de Berne leurs maîtres. J’ai lu ce libelle, déjà proscrit à Genève et en France, et dont deux ballots ont été saisis. J’envoie un nouveau Mémoire aux seigneurs avoyers et aux seigneurs curateurs, et surtout à notre respectable M. de Freudenreich. L’Académie de Lausanne lui manque formellement de respect en protégeant un libelle contre moi, malgré la bonté qu’il a eue de me recommander à Lausanne, quand il est venu dans ce pays, au nom de l’État. Je vous prie de lire mon Mémoire, qui est entre les mains de M. Freudenreich, et de mettre dans cette affaire toute l’activité de votre zèle prudent et de votre amitié.

Si les jésuites ont comploté, comme on l’assure, l’assassinat

  1. Dans quelques éditions, on trouve ici la Requête aux magnifiques seigneurs et curateurs de l’Académie de Lausanne, qui a été placée par nous tome XXIV, page 89.