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du roi de Portugal, ils sont un peu plus coupables que vos gens de Lausanne. V.


Ô fortunatos nimium, sua cum bona norint,
Agricolas, etc.[1]


3781. — À M.  LE CONSEILLER TRONCHIN[2].
Délices, 17 février.

Je ne mériterai pas avec ma nouvelle charrue la gloire que monsieur votre frère acquiert par le zèle et les lumières qu’il emploie dans cette étonnante affaire du fameux vol de Genève[3] ; mais je tiens que c’est un très-beau métier de cultiver la terre. Je voudrais qu’il y eût à Lisbonne des juges aussi éclairés que monsieur votre frère, et qui tirassent au clair l’aventure des jésuites. Il est tout simple qu’ils aient encouragé un assassinat, et qu’ils aient prié pour le succès de cette sainte action ; mais qu’on les ait portés en prison dans des coffres comme des ballots de linge, cela me paraît suspect, et me fait trembler pour la vérité de ce qu’on leur impute.

Avouez que le roi de Prusse a le diable au corps de m’envoyer deux cents vers de sa façon, dans le temps qu’il se prépare à faire marcher deux cent mille hommes.

On proposait à Amyot, précepteur de Charles IX et de Henri III, d’écrire leur Vie : « Ah ! dit-il, je suis trop leur serviteur pour les faire connaître, » J’en dis autant des vers du roi de Prusse, mon disciple. Ce même roi m’a fait parvenir encore une oraison funèbre d’un maître cordonnier, qui n’est pas indifférente[4].

Le cardinal de Bernis m’écrit qu’il n’a commencé à retrouver sa gaieté et sa santé que depuis qu’il est dans sa retraite. J’ignore encore si le prince de Soubise entre dans le conseil ; mais la chose est très-vraisemblable. Je souhaite seulement qu’il y ait dans ce conseil quelqu’un qui aime la paix autant que vous et moi.

  1. Virgile, Géorgiques, II, v. 458.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Le vol de Grasset.
  4. Addition extraite de la Revue suisse.