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commerce épistolaire avec le divin Palissot ; je veux voir si le texte est pur.

Il se montre donc, ce cher Palissot ! il exulte en public ! Il ne sait donc pas que sa pièce des Philosophes est de frigidis !

Mon ancien ami, il y a trois mois que je crève de rire, en me levant et en me couchant. C’est d’ailleurs un drôle de corps que notre ami Protagoras ; il est têtu comme une mule. Il est tout plein d’esprit ; il a toutes sortes d’esprit ; il est gai, il est charmant. Il n’ira point en Brandebourg, de par tous les diables, car Luc est aux abois ; sa tentative sur Dresde n’est qu’un coup de désespéré. Quomodo cecidisti de cœlo, Lucifer, qui mane oriebaris[1] ! Ô Luc ! l’aurais-tu cru que je serais cent fois plus heureux que toi !

Mon ancien ami, il faut que nous nous revoyions avant d’aller trouver Virgile et l’abbé Pellegrin dans l’autre monde.

Qu’est-ce que vous faites chez le médecin Baron[2] ? Venez aux Délices : elles sont plus riantes que la rue Culture-Sainte-Catherine.

N. B. Souvenez-vous que je me ruine à bâtir une église ; je veux qu’Abraham Chaumeix et ses consorts en sèchent de douleur. Ils me verront enterrer dans le chœur, avec une auréole sur la tête ; ils seront bien attrapés. Intérim, vivamus.

P. S. Je viens de recevoir mes Lettres à Palissot, avec les réponses, au lieu des lettres de Palissot avec mes réponses ; ce Palissot est un peu infidèle.


4225. — À MADAME BELOT[3].
11 auguste.

M. Helvétius et M. La Popelinière, madame, sont à mes yeux des hommes respectables, car ils sont philosophes, et ils font tout le bien qu’ils peuvent. Ils ne présentent point de mémoires au roi pour lui dire qu’ils ont une belle bibliothèque, et qu’ils ont eu autrefois des conversations amicales avec le feu chancelier d’Aguesseau. Il n’en est pas de même de M. Lefranc de Pompignan ; il écrit au roi, il n’est point philosophe, et il fait tout le mal qu’il peut.

J’ai vu enfin les lettres de M. Palissot de Montenoy. Je ne sais

  1. Isaïe, chap. xiv, v. 12.
  2. Hyacinthe-Théodore Baron, habile médecin, mort à Paris en 1787.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.