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3800. — À M. DE BRENLES.
Aux Délices.

Les seigneurs curateurs de l’Académie de Lausanne me font l’honneur, mon cher ami, de me mander, en corps, qu’ils ont condamné le libelle en question[1] et qu’ils censureront l’éditeur. Je suis également touché de leur justice, de leur honte, et de leur extrême politesse. Je ne doutais pas d’un jugement si équitable et d’un procédé si noble, après les lettres dont Leurs Excellences messieurs les avoyers, et les principaux membres de la souveraineté, m’avaient honoré sur cette affaire. En effet, il n’était point du tout convenable qu’il fût permis d’insulter, dans un libelle diffamatoire, une famille vertueuse et très-innocente des fautes de son père, M. Saurin, ancien secrétaire de monseigneur le prince de Gonti, méritait des égards. J’étais chargé, de sa part et de celle de toute sa famille, d’empêcher ce scandale ; je l’ai fait avec tout le zèle de l’amitié ; j’ai rempli mon devoir, et je vois avec plaisir que j’ai été secondé par tous les honnêtes gens. Je vous prie de montrer cette lettre à M. le ministre Polier de Bottens, et à M. d’Hermanches dont l’honneur, la probité et la bonté, ont pris si généreusement le parti d’une famille affligée. Je vous supplie surtout, mon cher ami, de présenter mes tendres et respectueux remerciements à monsieur le bailli, pour qui je conserverai une éternelle reconnaissance.

Adieu ; je n’ai pas si bien senti que dans cette petite affaire le prix de votre amitié, et tout ce que vaut la franchise de votre belle âme. Je m’applaudis plus que jamais d’avoir été attiré à Lausanne par vous. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. Mille respects à votre chère philosophe. V.


3801. — À M. VERNES[2].

Tâchez, mon prêtre aimable, de savoir et de me dire s’il n’y a pas au moins cinq cents familles françaises dans Genève. Pourquoi ce monstre de Caveyrac dit-il qu’il n’y en a pas cinquante[3] ? Il faut confondre cet ouvrage du diable, qui veut justifier la

  1. La Guerre littéraire, etc ; voyez la lettre 3759.
  2. Cette lettre porte pour suscription : À monsieur, monsieur Vernes, ministre bien marié"" ; elle est sans date ; mais je la crois de mars 1759. (B.)
  3. Page 83 de son Apologie de Louis XIV, etc., 1758, in-8o.