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J’ai lu le roman de Rousseau, mais j’attends avec une impatience extrême celui de La Popelinière[1].

Mille tendres amitiés à tous les frères ; je les prie de s’unir toujours à moi dans l’amour de Dieu et du roi, et dans la haine des hypocrites et des fanatiques.


4455. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
7 février.

De profundis clamavi. J’ignore tout du pied de mes Alpes. Joue-t-on Tancrède ? Personne ne m’en dit mot. Réussit-elle ? est-elle tombée ? J’ai vraiment bien pris mon temps pour écrire[2] à M. le duc de Choiseul !


C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !

(La Fontaine, VII, ix.)

Le voilà donc chargé de la guerre et de la paix. Deux ministères à la fois ! Plus de plaisirs, plus de soupers. Il est mort, s’il veut allier tout cela. Ce qui regarde Mlle Corneille paraît-il aussi important à mes anges qu’à moi ? Ont-ils le temps d’y penser ? N’ont-ils pas eux-mêmes un peu d’affaires ? Je ne sais par quel oubli je n’ai pas répondu à Lekain. Il y a un arrangement pour Œdipe. Eh ! mon cher ange, n’êtes-vous pas le maître absolu de tout ? à quoi sert ma voix ? Je n’en fais usage que pour vous regretter. Oui, tous les rôles sont bien distribués ; oui, tout est bien. Mais M. de Richelieu est-il à Versailles ? entrera-t-il au conseil ? et maître Omer, que fait-il brûler ? quel plat et calomnieux réquisitoire fait-il imprimer ? J’ai cet homme en tête. J’aime l’Écclésiaste[3] ; le roi l’avait lu à son souper. Il fut fait pour Mme de Pompadour. Et un Omer ! … Ah !


Ce petit singe à face de Thersite[4]


doit être puni. Que je hais ces monstres ! Plus je vais en avant, plus le sang me bout. Le roman de Jean-Jacques excite aussi un peu ma mauvaise humeur.

  1. Voyez lettre 4462.
  2. Cette lettre, comme tant d’autres de Voltaire à Choiseul, est restée inconnue. (Cl.)
  3. Le Précis de l’Ecclésiaste ; voyez tome IX.
  4. Voyez lettre 4438.