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d’honneur que le public lui fait d’avoir écouté la prétendue comédie des Philosophes.

Le solitaire voit avec une extrême consolation que le public a des égards pour les gens qui pensent. Mme Belot doit trouver son compte à cette disposition des esprits. On lui réitère du fond du cœur les assurances de la plus respectueuse estime.



4481. — À M. DAMILAVILLE.

À Ferney, 3 mars.

Voici, monsieur, mon ultimatum[1] à M. Deodati. Monsieur le censeur hebdomadaire[2], à qui je fais mes compliments, peut insérer ce traité de paix dans son journal.

Je regarde le jour du succès du Père de famille comme une victoire que la vertu a remportée, et comme une amende honorable que le public a faite d’avoir souffert l’infâme satire intitulée la Comédie des Philosophes.

Je remercie tendrement M. Diderot de m’avoir instruit d’un succès auquel tous les honnêtes gens doivent s’intéresser ; je lui en suis d’autant plus obligé que je sais qu’il n’aime guère à écrire. Ce n’est que par excès d’humanité qu’il a oublié sa paresse avec moi ; il a senti le plaisir qu’il me faisait. Je doute qu’il sache à quel point cette réussite était nécessaire. Les affaires de la philosophie ne vont point mal ; les monstres qui la persécutaient seront du moins humiliés.

J’avais demandé à M. Thieriot l’interprétation de la Nature[3] ; il m’a oublié.

Mille tendresses à tous les frères.



4482. — À M. D’ALEMBERT.

3 mars.

À quelque chose près, je suis de votre avis en tout, mon cher et vrai philosophe. J’ai lu avec transport votre petite drôlerie[4] sur l’histoire, et j’en conclus que vous êtes seul digne d’être historien ; mais daignez dire ce que vous entendez par la défense que vous faites d’écrire l’histoire de son siècle. Me condamnez-vous à

  1. Voltaire appelait ainsi ses Stances à M. Deodati de Tovazzi, du 1er février 1761 ; voyez tome VIII.
  2. Journal déjà cité dans la lettre 4420.
  3. Voyez la note, tome XL, page 424.
  4. Expression de Molière dans Pourceaugnac, acte I, scène ii.