Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/258

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fit une cabale, du fond de son village, à Genève, pour empêcher la comédie, et qu’il m’écrivit à moi : « Vous corrompez ma république, pour prix de l’asile qu’elle vous a donné » ?

Ne vous l’ai-je pas mandé, et ne trouvez-vous pas qu’il est trop doucement puni ?

Ne soyez pas fâché contre Fanime. Tant que son amant ne sera qu’un sot, elle ne sera pas digne de paraître.

Dites-moi, je vous en conjure, si M.  le duc de Choiseul a toujours de la bonté pour moi, et si par hasard nous pouvons espérer la paix. Mais surtout instruisez-moi comment vont les yeux et la santé de mes anges, et ne mettez pas mon cœur au désespoir.


4504. — À M.  DE CHAMPFLOUR[1].
Tournay, pays de Gex, 30 mars.

J’ai lu, monsieur, dans les gazettes, un article qui m’a fait frémir, et qui vous regarde. Vous savez qu’il y a longtemps que je m’intéresse à vous ; je vous prie de vouloir bien me mander ce qu’il en est. Je suis retiré du monde, dans d’assez belles terres, sur les frontières de Genève et de la Suisse, et je prends d’ordinaire fort peu de part à toutes les nouvelles ; mais celle-ci vous a rappelé à mon souvenir, et j’ai senti réveiller en moi tous les sentiments de mon ancienne amitié.

Je ne sais si monsieur votre père est encore en vie ; je le plaindrais bien d’avoir été témoin d’une catastrophe si cruelle. Je voudrais savoir si madame votre femme n’est point la sœur de M.  de La Porte, trésorier des pays conquis. Il est fort mon ami, et c’est une raison de plus qui m’attache à votre famille. Vous me ferez plaisir de me tirer de l’inquiétude où cette triste nouvelle m’a mis.

J’ai l’honneur, etc.


Voltaire,
gentilhomme ordinaire du roi,
comte de Tournay.
  1. Cette lettre (dont l’original autographe porte 30 mars pour toute date, et est adressée à M.  de Champflour fils, à Clermont-Ferrand) appartient peut-être à l’année 1759. Elle semble, dans tous les cas, antérieure à celle du 30 juillet 1761, écrite au même. (Cl.)