Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/27

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dans une retraite. Je ne l’avais jamais vu, je ne savais pas même qu’il existât ; il a voulu venir, il est venu ; il fait de grands progrès, et il m’enchante. Mais, par malheur, il me vient des intendants[1] : ces gens-là ne sont pas tous philosophes. Mon Dieu ! madame, que je hais ce que vous savez[2] !

Je vais être en relation avec un brame des Indes, par le moyen d’un officier[3] qui va commander sur la côte de Coromandel, et qui m’est venu voir en passant. J’ai déjà grande envie de trouver mon brame plus raisonnable que tous vos butors de la Sorbonne.

Adieu encore une fois, madame ; je vous aime beaucoup plus que vous ne pensez.


4294. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[4].
Aux Délices, 12 octobre.

Qu’est devenu, monsieur, le gros tonneau dont vous aviez eu la bonté de me flatter après le temps où les chaleurs seraient passées ? Je suis toujours à vos ordres. Je ne sais si on paye vingt francs par pinte comme par roue de carrosse. J’espère que les impôts serviront un jour à nous faire boire votre vin en paix. On dit qu’il y a dans les vignes de Tournay un peu de vin passable ; mais je le ferai boire aux Genevois, et je ne goûterai que le vôtre si vous en avez. Permettez-moi de saisir cette occasion de présenter mon respect à Mme Le Bault, et de vous assurer de celui avec lequel je serai toute ma vie, etc.


4295. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL.
13 octobre.

Madame Scaliger, savez-vous bien que vous êtes adorable ? Des lettres de quatre pages, des mémoires raisonnés, des bontés de toute espèce ; mon cœur est tout gros. J’aime mes anges à la folie. Quand je vous ai envoyé des bribes pour Tancrède, imaginez-vous, madame, qu’on m’essayait un habit de théâtre pour Zopire, et un autre pour Zamti ; qu’il fallait compter avec mes ouvriers, faire mes vendanges et mes répétitions. J’écrivais au

  1. Joly de Fleury de La valette, intendant de Bourgogne.
  2. L’infâme superstition. (Cl.)
  3. Le chevalier de Maudave.
  4. Editeur, Th. Foisset.