Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaque page ; et il y aura corrections et additions tant qu’on en pourra faire.

Il est fort triste qu’on ait imprimé l’Épître à la demoiselle Clairon[1] : le public se soucie fort peu qu’on dise en vers à une actrice qu’elle joue bien ; mais il aime fort à voir un pédant, ignorant, et malhonnête homme, démasqué et traîné dans la fange où sa famille aurait dû croupir ; un persécuteur de la philosophie et de la littérature, bourgeois insolent, fier de sa petite charge, un délateur absurde de la raison, traité comme il le mérite. C’est précisément le portrait de ce faquin qu’on a retranché ; le reste ne valait pas la peine d’être dit.

On embrasse les philosophes, et on les prie d’inspirer pour l’inf… toute l’horreur qu’on lui doit.

A-t-on joué Tèrèe[2] ? Si l’auteur est philosophe, je lui souhaite prospérité. Qu’on lie J.-J. ; que tous les frères soient unis.


4542. — DE M. L’ABBÉ TRUBLET.
Paris, ce 10 mai.

Mille grâces, monsieur et très-illustre confrère, de la réponse dont vous m’avez honoré. Elle est aussi ingénieuse qu’obligeante, et, ce qui vaut bien mieux encore, elle est très-gaie. C’est la preuve de votre bonne santé, la seule chose qui vous reste à prouver. Puissiez-vous la conserver longtemps, et avec elle tous les agréments et tout le feu de votre génie ! C’est le vœu de vos ennemis mêmes ; et s’ils n’aiment pas votre personne, ils aiment vos ouvrages ; il n’y a point d’exception là-dessus ; et malheur à ceux qu’il faudrait excepter !

Pour moi, j’aime tout, les écrits et l’auteur, et je suis, avec autant d’attachement que d’estime, monsieur et très-illustre confrère, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Trublet.

4543. — À M.  HELVÉTIUS.
11 mai.

Je suppose, mon cher philosophe, que vous jouissez, à présent des douceurs de la retraite à la campagne. Plût à Dieu que vous y goûtassiez les douceurs plus nécessaires d’une entière indépendance, et que vous pussiez vous livrer à ce noble amour de la vérité, sans craindre ses indignes ennemis ! Elle est donc plus

  1. Épître à Daphné ou Panta-odai ; voyez tome X.
  2. Tragédie de Lemierre, joué en 1760.