Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/308

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employés ou non. Comme je ne suis dans mon travail que le secrétaire de M. de Schouvalow, je ne veux rien dire qui ne soit conforme à ses vues et au juste ménagement qu’il doit garder.

Si j’avais plus de santé et moins d’affaires, je le servirais mieux ; mais je lui donne du moins les témoignages du zèle le plus empressé, et de la plus grande envie de lui plaire. Regardez-moi comme un ami pénétré de votre mérite, qui vous chérit et qui vous respecte.


Voltaire.

4546. — À M. FYOT DE LA MARCHE[1].
À Ferney en Bourgogne, 20 mai 1761.

En qualité de bon Bourguignon, monsieur, et presque de Franc-Comtois, je dois joindre mon petit tribut de joie et d’acclamations et de compliments, qui ne sont pas du bout de la plume, mais du cœur, à tous ceux qui sont adressés de toutes parts à votre aimable et respectable famille. Vous voilà trois premiers présidents[2] ; je suis fâché de n’avoir point encore de procès : je n’en ai qu’avec l’air, qui est toujours troublé du vent du nord ; avec la terre, qui ne répond pas à mes travaux ; avec l’eau, que la sécheresse a tarie ; et pour compléter les quatre éléments, je n’ai plus de feu dans les veines.

J’ai imaginé, pour me réchauffer, d’imprimer les œuvres du grand Corneille, avec des notes pour l’instruction des amateurs et des auteurs et des étrangers. L’Académie française a envie de donner à l’Europe des auteurs classiques. Je commence par celui qui a commencé à rendre notre langue respectable. J’ai proposé que le profit de l’édition fût pour l’héritier de ce grand homme qui est dans la misère. L’idée a été reçue avec acclamations par l’Académie et par tout Paris. L’édition aura l’honneur d’être faite dans votre ressort. Je me flatte que cette entreprise aura votre approbation et celle de M. de Ruffey. Je serais trop flatté de mettre la première pierre à cet édifice en votre présence et sous vos auspices. M. de Ruffey m’a fait entrevoir, mon-

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. M. Fyot de Neuilly (Jacques-Philippe), frère de l’ancien premier président de La Marche, venait d’être nommé premier président du parlement de Besançon ; mais il n’accepta point. Les deux autres premiers présidents étaient Claude-Philippe, alors premier président honoraire du parlement de Bourgogne, et son fils Jean-Philippe, premier président titulaire du même parlement. (Note du premier éditeur.)