démie n’aura lu trente de mes remarques. Un membre va vite, les corps ont peine à se remuer.
Dites-moi net, je vous prie, combien vos amis retiennent d’exemplaires. Tout Corneille commenté en cinq ou six volumes in-4°, c’est marché donné pour deux louis.
Sans le roi et quelques princes, on ne pourrait donner les exemplaires à ce prix.
J’ai un autre placet contre Lambert à vous présenter. Je n’avais pas encore eu le temps de lire son Tancrède ; il s’est plu à me rendre ridicule : jugez-en par cet échantillon[1] … Que faire ? cela est dur ; mais Pondichéry est pis ou pire.
Mes divins anges, que la campagne est belle ! Vous ne connaissez pas ce plaisir-là. Et les yeux ? J’écris, moi ; et vous ?
Vous verrez, mon cher monsieur, l’état où je suis par ma lettre à M. Paradisi[3], que je vous envoie tout ouverte. Si jamais je retrouve des yeux et de la santé, j’en ferai bien usage pour cultiver votre commerce charmant. La belle lettre que vous me fîtes l’honneur de m’écrire, il y a quelque temps, a été reçue en France avec un applaudissement universel. On n’a pas été surpris que vous pensiez bien ; mais on l’a été que vous écriviez en notre langue avec tant de pureté et d’énergie.
Dans le temps que je pouvais lire, j’ai lu avec un plaisir extrême les tragédies de M. Varano[4], et quand j’aurai des yeux je les relirai encore. Oserai-je vous supplier de faire mes excuses à M. Algarotti, auquel je voudrais écrire, et auquel je n’écris point ? Non-seulement il faut qu’il me pardonne, mais qu’il me plaigne.
Adieu, monsieur, aveugle ou borgne, je prends la liberté de vous aimer autant que je vous estime. Votre obéissant serviteur.