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Tronchin, qui donne une santé vigoureuse à tout le monde, excepté à moi.

M. le duc de Bouillon ne vous écrit-il pas quelquefois ? Il a fait des vers pour moi, mais je le lui ai bien rendu[1].

Recevez-vous des nouvelles de M. le prince de Beaufremont ? Je voudrais bien le rencontrer quelquefois chez vous. Il me paraît d’une singularité beaucoup plus aimable que celle de monsieur son père. Mais, madame, avec une détestable santé, et plus d’affaires qu’un commis de ministre, il faut que je renonce pour deux ans au moins à vous faire ma cour. Et si je ne vous vois pas dans trois ans, ce sera dans quatre ; je ne veux pour rien au monde renoncer à cette espérance. J’ai actuellement chez moi le plus grand chimiste de France, qui sans doute me rajeunira : c’est M. le comte de Lauraguais. C’est un jeune homme qui a tous les talents et toutes les singularités possibles, avec plus d’esprit et de connaissances qu’aucun homme de sa sorte.

Adieu, madame ; plus je vois de gens aimables, plus je vous regrette. Mille tendres respects.


4096. — À M. VERNES,
à séligny.
À Ferney, 1er octobre.

J’ai été malade et, de plus, très-occupé, mon cher prêtre. Pardon si je vous réponds si tard sur le manuscrit indien[2]. Ce sera le seul trésor qui nous restera de notre compagnie des Indes.

M. de La Persilière n’a aucune part à cet ouvrage : il a été réellement traduit à Bénarès par un brame correspondant de notre pauvre compagnie, et qui entend assez bien le français.

M. de Maudave[3], commandant pour le roi sur la côte de Coromandel, qui vint me voir il y a quelques années, me fit présent de ce manuscrit. Il est assurément très-authentique, et doit avoir été fait longtemps avant l’expédition d’Alexandre, car aucun nom de fleuve, de montagne, ni de ville, ne ressemble aux noms grecs que les compagnons d’Alexandre donnèrent à ces pays. Il faut un commentaire perpétuel pour savoir où l’on est, et à qui l’on a affaire.

Le manuscrit est intitulé Ézour-Veidam, c’est-à-dire Commen-

  1. Voyez la lettre 4623.
  2. Voyez tome XXVI, page 392.
  3. Voyez tome XL, page 547.