Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

persisterai dans le dessein de faire un volume in-4° de Pierre le Grand, et voici comme je compte procéder : j’aurai l’honneur de vous envoyer ce qui a déjà été imprimé, corrigé à la main, suivant vos instructions, avec toute la suite, écrite à demi-page ; et ensuite, me conformant à vos observations pour cette seconde partie comme pour la première, je vous dépêcherai, sans perte de temps, le même volume entièrement corrigé suivant vos ordres. Trouvez-vous cet arrangement de votre goût ? Soyez sûr que vous serez obéi très-ponctuellement. Le Commentaire sur Corneille est un ouvrage immense, et je suis bien faible et bien vieux ; mais je trouverai des forces quand il s’agira de Pierre le Grand et de vous. Les vraies passions donnent des forces, en donnant du courage. Votre Excellence a dû recevoir mes tendres et respectueux remerciements pour Mlle Corneille ; elle joue la comédie comme son grand-père en faisait : les filles des grands hommes en sont dignes. Si vous avez pris Colberg[1], comme on le dit, permettez que je vous fasse mon compliment.

Recevez les tendres respects de votre, etc.


4718. — À M. LE MARQUIS DE CHAUVELIN.
À Ferney, 23 octobre.

Votre Marseillais, monsieur, est très-aimable, et M. Guastaldi encore plus. Mais il me traduit d’un style si facile, si naturel, si élégant, qu’on croira quelque jour que c’est lui qui a fait Alzire, et que c’est moi qui suis son traducteur. Je le remercie tant que je peux. Je ne prends pas la liberté d’envoyer la lettre[2] à Votre Excellence, parce que j’y prends celle de parler de vous, et qu’après tout il n’est pas honnête de dire des vérités en face.

Est-il vrai que la belle, la vertueuse Hormenestre repassera les montagnes au printemps ? Vous souviendrez-vous de Baucis et de Philémon ? Notre cabane ne s’est pas encore changée en temple, mais elle l’est en théâtre. Nous en avons un à Ferney digne de madame l’ambassadrice ; elle aura aussi le plaisir d’entendre la messe dans une église toute neuve, que je viens de faire bâtir exprès pour vous. Le dernier acte de ministre des affaires étrangères qu’a fait M. le duc de Choiseul a été de m’envoyer des reliques[3] de la part du pape. Ainsi vous aurez chez moi le pro-

  1. Colberg ne fut pris par les Russes que le 16 décembre.
  2. Elle manque. (B.)
  3. Voyez page 479.