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4724. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
26 octobre.

Mes anges ont terriblement affaire avec leur créature. Je pris la liberté de leur envoyer, il y a quelque temps, un paquet pour Mme du Deffant. Il y avait dans ce paquet une lettre, et, dans cette lettre, je lui disais : Rendez le paquet aux anges quand vous l’aurez lu, afin qu’ils s’en amusent[1]. Je n’ai point entendu parler depuis de mon paquet.

Le Droit du Seigneur vaut mieux que Zulime ; et cependant vous faites jouer Zulime.

Olympie ou Cassandre vaut mieux que le Droit du Seigneur ; qu’en faites-vous ?

Nota bene qu’au commencement du troisième acte le curé d’Éphèse dit :


Peuple, secondez-moi[2].


Je n’aime pas qu’on accoutume les prêtres à parler ainsi : cela sent la sédition ; cela ressemble trop à Malagrida et à ce boucher de Joad. Mes prêtres, chez moi, doivent prier Dieu, et ne point se battre. Je vous supplie de vouloir bien faire mettre à la place :


Dieu vous parle par moi.


Un petit mot de Malagrida et de l’Espagne, je vous en prie.

J’ignore l’auteur des Car[3] ; mais Lefranc de Pompignan mérite correction ; il serait un persécuteur s’il était en place. Il faut l’écarter à force de ridicules. Ah ! s’il s’agissait d’un autre que d’un fils de France, quel beau champ ! quel plaisir ! Marie Alacoque[4] n’était pas un plus heureux sujet. Mais apparemment l’auteur des Car est un homme sage, qui a craint de souffleter Lefranc sur la joue respectable d’un prince dont la mémoire est aussi chère que la plume de son historien est impertinente.

Dites-moi donc quelque chose de l’Espagne, en revenant d’Éphèse.

  1. Cette phrase n’est pas dans la lettre à Mme du Deffant du 16 septembre (n° 4677), qui paraît pourtant être celle dont Voltaire parle ici.
  2. Cette première version n’a pas été conservée, non plus que celle que donne ici Voltaire. Elle était sans doute dans le dernier couplet de la scène première du troisième acte.
  3. Voyez tome XXIV, page 201.
  4. Voyez la note, tome XVII, page 7.