Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/538

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matique, dans lequel j’essayerai de présenter quelques idées neuves. Ce sera pour moi un plaisir bien flatteur de vous dire publiquement tout ce que je pense de vous, des beaux-arts, et du bien que vous leur faites. C’est encore un des prodiges de Pierre le Grand, qu’il se soit formé un Mécène dans ces marécages où il n’y avait pas une seule maison dans mon enfance, et où il s’est élevé une ville impériale qui fait l’admiration de l’Europe. C’est une chose dont je suis bien vivement frappé.

Adieu, monsieur ; voilà une lettre fort longue ; pardonnez si je cherche à me dédommager, en vous écrivant, de la perte que je fais en ne pouvant être auprès de vous.

Vous ne doutez pas des tendres et respectueux sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.


4750. — À M. FABRY.
Ferney, 14 novembre.

Je suis très-étonné, monsieur, de ne point recevoir de réponse de vous au sujet de mes passe-ports ; ma santé me force de quitter le climat froid de Gex, et de me rapprocher de M. Tronchin ; j’ai déjà eu l’honneur de vous mander que je ne peux vivre aux Délices sans pain, et qu’il est juste que je mange le blé que j’ai semé ; ayez au moins la bonté de me répondre pourquoi vous ne me répondez pas. J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, très-humble et obéissant serviteur.


Voltaire.

4751. — DU CARDINAL DE BERNIS.
De Montélimart, le 17 novembre.

J’attends avec la plus grande impatience, mon cher confrère, cette tragédie faite en six jours, et que vous trouvez si digne du sacré collège. Je répondrais du succès de cet ouvrage, précisément parce qu’il a été achevé aussitôt que projeté. Cela prouve que le sujet est heureux et bien choisi : cet avantage supplée souvent à tous, et n’est suppléé par rien. D’ailleurs, on sait qu’il vous faut moins de temps qu’à un autre pour bien faire. J’ai lu avec grand plaisir votre Épître sur l’Agriculture ; mais dans ces sortes d’ouvrages il est bon d’imiter Montaigne, qui laisse aller son imagination sans se soucier du titre que porte le chapitre qu’il traite. Malgré les beaux exemples que vous me citez, je n’irai point au temple d’Épidaure. Je le regretterai moins que les Délices, car j’ai plus besoin de la conversation d’un homme d’esprit que des conseils du meilleur médecin de l’Europe. Vos ducs, princes.