Dans les maux qu’elle fait trouve un plaisir si doux,
Démons, préparez-vous à seconder ma haine ;
Démons, préparez-vous
À servir mon courroux.
Voyez, en un autre endroit, ce morceau encore plus fort que chante Médée :
Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle ;
Voyez le jour pour le troubler :
Que l’affreux Désespoir, que la Rage cruelle.
Prennent soin de vous rassembler.
Avancez, malheureux coupables.
Soyez aujourd’hui déchaînés ;
Goûtez l’unique bien des cœurs infortunés,
Ne soyez pas seuls misérables.
Ma rivale m’expose à des maux effroyables :
Qu’elle ait part aux tourments qui vous sont destinés.
Non, les enfers impitoyables
Ne pourront inventer des horreurs comparables
Aux tourments qu’elle m’a donnés.
Goûtons l’unique bien des cœurs infortunés.
Ne soyons pas seuls misérables[1].
Ce seul couplet est peut-être un chef-d’œuvre ; il est fort et naturel, harmonieux et sublime. Observons que c’est là ce Quinault que Boileau affectait de mépriser, et apprenons à être justes.
J’ai l’attention de présenter ainsi aux yeux du lecteur des objets de comparaison, et je présume que rien n’est plus instructif. Par exemple, Maxime dit[2] :
Vous n’aviez point tantôt ces agitations.
Vous paraissiez plus ferme en vos intentions.
Vous ne sentiez au cœur ni remords ni reproches.
On ne les sent aussi que quand le coup approche,
Et l’on ne reconnaît de semblables forfaits
Que quand la main s’apprète à venir aux effets.
L’âme, de son dessein jusqu’alors possédée, etc.