dix-huit mille livres en or pour être déposées à Gex. Ils ne porteront de longtemps intérêt, d’accord ; il faudra ne travailler de longtemps aux embellissements de Ferney, volontiers. Il est si agréable de chasser des jésuites qu’il faut tout sacrifier à cette œuvre pie.
Ainsi donc, mon cher ami, secret et argent. Cette petite anecdote figurera un jour dans l’histoire de la compagnie de Jésus[1] et dans la mienne.
Monsieur, je dois confier à votre prudence et à votre bonté pour moi que le roi de Prusse m’a su très-mauvais gré d’avoir travaillé à l’Histoire de Pierre le Grand et à la gloire de votre empire. Il m’en écrit dans les termes les plus durs[2], et sa lettre ménage aussi peu votre nation que l’historien. Je ne croyais pas choquer ce prince en célébrant un grand homme ; je ne m’attendais pas à l’injustice que j’essuie ; mais je me flatte que votre auguste impératrice, que la digne fille de Pierre le Grand sera aussi contente du monument élevé à son père que le roi de Prusse en est fâché. V.
Ne croyez pas, mon cher huguenot, que mon zèle pour la maison du Seigneur et ma tendre affection pour la compagnie de Jésus me fassent jeter dix-huit mille livres dans le lac. Ils seront déposés au greffe, et la terre me répondra de mon argent. Figurez-vous que les révérends ont eu le bien de Mlles Baltazard pour sept à huit mille livres, et qu’il vaut douze cents livres annuellement avec une administration médiocre.
Je vous dirai, pour vous réjouir, que ces bonnes gens ont offert mille écus à l’un des héritiers, pour l’engager à leur remettre les titres de sa famille et à la frustrer de ses droits. L’homme auquel ils se sont adressés est un officier incapable
- ↑ Voyez, tome XVI, la note 4 de la page 100 ; et tome XXVII page 407.
- ↑ Voyez plus haut la lettre 4317.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.