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avec grande attention, et que vous m’avez beaucoup éclairé. Non-seulement je savais ces vers, mais je les ai traduits en vers français, et je les fais imprimer au devant[1] de la Famosa Comedia, que j’ai traduite aussi.

Je crois qu’il suffit de mettre sous les yeux la Famosa Comedia, pour faire voir que Calderon ne l’a pas volée.

Vous me permettrez de faire usage du passage de maître Emmanuel de Guerra[2] ; je n’omettrai pas les Actes sacramentaux du pieux Calderon. Tout ce qui me fâche, c’est que ces Actes sacramentaux n’aient pas fait partie des pièces amoureuses et ordurières dont le bonhomme régalait son auditoire.

Votre lettre est aussi pleine de grâces que d’érudition. Si vous voulez faire passer quelque instruction de votre voisinage de l’Afrique à mon voisinage des Alpes, je vous aurai beaucoup d’obligation.

Soyez très persuadé qu’on ne trouve point de seigneur d’Oliva en Savoie.


4932. — À M. DEBRUS[3].
À Ferney, 15 juin.

Lamarque a beau dire, il ne se justifiera jamais d’avoir assuré que Marc-Antoine n’avait pas mangé depuis quatre heures. Mais c’est beaucoup qu’il assure n’avoir trouvé aucune meurtrissure sur le corps[4].

Le procureur général de Toulouse ne vaut pas assurément

  1. Ce n’est pas au devant, mais à la suite de la Famosa Comedia que Voltaire fit imprimer ces vers ; voyez tome VII, page 537.
  2. Voyez tome VII, page 537.
  3. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.
  4. Le chirurgien Lamarque, chargé, le 15 octobre 1761, de l’autopsie de Marc-Antoine Calas, affirmait, dans son rapport, que le dernier repas du défunt avait précédé d’au moins quatre heures son décès, tandis que, selon les Calas, le suicide avait eu lieu peu après le souper de la famille. La conjecture de Lamarque était appuyée sur des observations de détail qui pouvaient donner lieu à une interprétation toute contraire.

    Une polémique s’engagea plus tard sur ce point entre Lamarque et un chirurgien de Lyon. En effet, il résulte des faits constatés par Lamarque lui-même qu’un repas avait été pris par le suicidé peu avant sa mort. Il déclarait que « les aliments n’avaient pu être entièrement broyés, divisés et atténués ». C’était confirmer pleinement la déposition des accusés.

    Deux autres médecins, le célèbre chirurgien Louis et un nommé Lafosse, ont écrit aussi sur les diverses questions de médecine légale que soulève le rapport, évidemment inconséquent, de Lamarque. (Note du premier éditeur.)