Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/150

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toutes les protections possibles auprès de M. le comte de Saint-Florentin ; on a imaginé que La Popelinière pourrait faire présenter à ce ministre la veuve Calas par André ou La Guerche.

Probablement La Popelinière m’écrira une lettre qu’il adressera chez vous ; je vous supplie de l’ouvrir. La veuve Calas, qui doit venir vous demander votre protection, lira cette lettre de La Popelinière, et se conduira en conséquence.

Daignez, mes anges, mettre toute votre humanité, toute votre vertu, toutes vos bontés, à faire connaître la vérité dans une affaire aussi essentielle. La poste va partir ; je n’ai ni le temps ni la force de vous parler d’autre chose que de l’innocence opprimée qui trouvera des protecteurs tels que vous.

Mille tendres respects.


4936. — À M.  DEBRUS[1],
pour madame la veuve calas.

Par les lettres que je reçois du Languedoc, on est animé plus que jamais contre les Calas. Certainement on refusera les pièces jusqu’à ce que le conseil du roi ordonne qu’elles soient envoyées à la cour.

Il faut donc présenter requête pour que ces pièces soient remises.

On pense qu’il est nécessaire que les deux pièces originales, c’est-à-dire les lettres de la mère et du fils, soient imprimées à Paris : elles disposeront le public : elles l’animeront, et la cour, déjà instruite, ne pourra s’empêcher de faire venir la procédure de Toulouse.

Il est nécessaire que la veuve aille chez M. Tronchin, rue Neuve-Saint-Augustin. Il l’attend ; il lui donnera la protection de M. Chaban[2], l’homme du monde le plus capable de la servir.

M. de La Popelinière hait plus l’injustice qu’il n’aime le parlement de Toulouse ; mais on peut se passer de lui. Il n’en est pas ainsi de M. Tronchin. Il faut absolument aller chez lui.

Mon avis est qu’on touche le public par l’impression de la lettre de la mère et du fils, auxquels on ne peut répondre, et que le cri public force le chancelier à interposer l’autorité royale.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Intendant des postes.