Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà ce que j’écrivais à quatre heures après midi, 8 juillet. Je reçois la lettre de M. Mariette avec la lettre de Mme Calas, que je renvoie à M. Debrus. Je vais écrire à M. Mariette de demander si, dans une affaire aussi extraordinaire, on ne peut pas, avec de la protection, agir d’une manière extraordinaire, et demander que le chancelier se fasse représenter les pièces du procès. Nous agissons fortement auprès de monsieur le chancelier.

J’insiste toujours sur la protection de M. de Chaban.

J’écris et je vais faire écrire à M. Tronchin.

Dès que Mme Calas aura besoin d’argent, je lui en ferai tenir.

Il importe peu à Paris de quelle religion sera le jeune Lavaysse[1] ; il peut être mahométan ou juif, sans que personne s’en soucie : ce n’est pas comme à Toulouse. Il importe absolument qu’il aille avec Mme Calas chez ses protecteurs. Je vais écrire à M. le duc de La Vallière et lui demander s’il peut présenter la veuve à Mme la marquise de Pompadour.

Soulevons toujours le ciel et la terre, c’est là mon refrain.

À cinq heures du soir, 8 juillet. On peut envoyer ces deux papiers à Mme Calas.


4958. — À M. DAMILAVILLE.
8 juillet.

Vous savez, mon cher frère, que la place sur laquelle vous avez des vues est promise depuis longtemps, et que vous déplairiez si vous insistiez. Toutes les raisons de justice et de convenance sont pour vous ; mais elles doivent céder à l’autorité de monsieur le contrôleur général, et à son amitié pour M. de Morinval. S’il vous avait connu, ce serait vous qu’il aimerait sans doute. Faites-vous un mérite auprès de lui de votre sacrifice, afin qu’il vous aime à votre tour. Tâchez de lui parler ; donnez-lui des éloges sur ce que l’amitié lui fait faire ; remettez votre sort entre ses mains. Cette conduite, la seule que vous deviez tenir, peut contribuer à votre fortune. Mon cher frère, je vous prierai toujours de prendre votre parti en philosophe sur l’affaire de cette direction. Plût à Dieu que vous pussiez demander et obtenir celle de Lyon ! Il y a déjà un philosophe[2] dans cette

  1. Il avait eu la faiblesse d’abjurer, comme Pierre Calas, mais, comme lui, il ne persista pas dans une conversion que lui avaient arrachée la crainte et les mauvais traitements. (Note du premier éditeur.)
  2. Bordes ; car Vasselier n’était pas encore en relations avec Vvoltaire. (B.)