Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/228

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coup de faveur cette année. J’ai été si malade qu’il m’a fallu quitter le château de Ferney pour aller aux Délices près de Genève, et pour être longtemps entre les mains des médecins. Pendant ce temps-là, vous donniez de belles fêtes ; et il vous est plus aisé de trouver des acteurs à Bologne, qu’à moi d’en trouver à Genève. Bologna la dotta vaut mieux que Genève la pédante, où il n’y a que des prédicants, des marchands, et des truites. Je ne m’accommode pas tout à fait de cela, moi qui aime la bonne tragédie. Ce que nous avons de plus agréable dans ce pays-ci, c’est que nous sommes instruits les premiers de toutes les sottises sanguinaires qui se passent dans le Nord. Nous sommes tout juste entre la France, l’Allemagne, et l’Italie ; et on ne tue personne vers Dresde que nous ne le sachions les premiers. Avec tout cela j’aimerais beaucoup mieux avoir bâti un château vers Bologna que vers les Allobroges, et être votre voisin que celui des Savoyards ; mais Dieu n’a pas voulu que je visse la belle Italie. Il faut que je vive et que je meure où je suis ; j’y vivrai et j’y mourrai plein d’estime et de respect pour vous.


5018. — À M.  GOLDONI.
Aux Délices, près de Genève, 28 auguste.

Adasio un poco, caro sior : cosa che avete ditto che avete una moglie al lato, vol dir che siete un contade perfetto. Basta che il sior e la siora moglie sarebbero stati ricevuti con ogni rispetto, e col più gran zelo nelle mie capanne, e che la via di Ginevra è cosi bella come quella di Lione ; e che mi dispiace che la sia disgustada, e che non abbia avù la volontà di vegnir, e xe un pezzo che l’aspettava, e che io vo mi ramaricando ; vardé, che cosa fa di non aver preso la via di Ginevra ; vardé, che bisogna che diga tutto, e po vedrà se le cose van ben.

Volete dunque, mio caro sior, sanar la piaga che mi fate, coll’ onore della vostra dedicazione[1], ma se questa gloria innalza il mio spirito, e lusinga la vanità mia, il dolor di non avervi tenuto nelle mie braccia non è meno acerbo nel mio cuore. Leggero le vostre vezzose commedie fino al giorno che potrô riverire l’autore.

Non so dove siete adesso. Non so come indirizzare la mia lettera. Ma il vostro nome basta ; c mi confido che siete già cono-

  1. C’est la Pamela maritata que Goldoni a dédiée à Voltaire.