Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/260

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l’inf… ; il faut la détruire chez les honnêtes gens, et la laisser à la canaille grande ou petite, pour laquelle elle est faite.

Je vous révère autant que je le dois. Voulez-vous m’envoyer votre réponse à M. de Schouvalow ? Il n’y a qu’à la donner à notre frère.


5052. — À M.  GOLDONI[1].
Au château de Ferney, par Genève, 25 septembre.

J’ai hasardé, monsieur, une lettre que j’ai adressée[2] à Paris, sans savoir si vous y étiez arrivé. Je hasarde encore celle-ci sans savoir où vous demeurez. J’espère que votre nom suffira pour que ma lettre vous soit rendue. C’est seulement pour vous dire que j’ai reçu le paquet dont vous m’avez honoré, et que je manque de termes, soit en français, soit en italien, pour vous dire à quel point je vous estime et je vous honore. Vous devez être excédé de compliments et d’empressement. Je ne veux pas joindre à la fatigue des plaisirs de Paris celle d’une plus longue lettre.

Agréez les tendres sentiments du plus grand admirateur que vous ayez dans le voisinage des Alpes.

Il povero ammalato non puote scrivere.


5053. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
28 septembre.

Je réponds, ô mes anges gardiens ! à votre béatifique lettre dont Roscius a été le scribe, et je vous envoie la façon dont nous jouons toujours Zulime. Je peux vous répondre que cette fin est déchirante, et que si on suit notre leçon, on ne s’en trouvera pas mal.

Ce n’est pas que j’aie jamais regardé Zulime comme une tragédie du premier ordre. Vous savez combien j’ai résisté à ceux qui avaient le malheur de la préférer à Tancrède, qui est, à mon gré, un ouvrage très-théâtral, un véritable spectacle, et qui a de plus le mérite de l’invention et de la singularité, mérite que n’a point Zulime.

Je vous supplie très-instamment de vous opposer à cette fureur d’écourter toutes les fins des pièces : il vaut bien mieux

  1. Editeurs, de Cayrol et François,
  2. Le 28 août.