Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoue ensuite ; que jamais on n’a fait un crime à un accusé de ne pas faire au premier moment les aveux nécessaires ; qu’enfin les Calas n’ont fait que ce qu’ils ont dû faire. Ils ont commencé par vouloir défendre la mémoire du mort, et ils ont fini par se défendre eux-mêmes. Il n’y a dans ce procédé rien que de naturel et d’équitable. Les autres erreurs sont peu de chose, mais il est toujours bon que M. Mariette en soit instruit, afin qu’il n’y ait rien dans sa requête juridique qui ne soit dans l’exacte vérité.

Au reste, il est fort étrange que Mme Calas et M. Lavaysse aient laissé subsister, dans le factum de M. de Beaumont, une méprise si préjudiciable.


5078. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Aux Délices, 30 octobre.

Mon cher correspondant, nous avons toujours les nouvelles d’Allemagne quatre jours avant vous ; nous avons rarement des détails sûrs. Vous ferez un sensible plaisir à ma nièce et à moi de vouloir bien nous instruire plus particulièrement.

Votre souvenir et votre amitié sont bien plus précieux que tout ce qui se passe aujourd’hui dans l’Europe, et c’est de vos nouvelles surtout que nous voulons. Nous nous soucions fort peu des mauvaises pièces de théâtre et des mauvais livres ; mais nous voudrions savoir, par exemple, s’il est vrai que le pape ait écrit un bref en faveur de l’archevêque de Paris. Peut-être n’en savez-vous rien ; mais continuez toujours, mon ami, à écrire à des gens qui vous aiment.


5079. — À M. DEBRUS[2].

Ce malheureux Louis Calas fait soulever le cœur. Mais le biais de lui faire écrire par un des avocats de sa mère, et l’espérance d’être récompensé s’il rend gloire à la vérité et s’il écoute la nature, ne pourront-ils rien sur lui ?

Le voyage de M. de Lasalle[3] à Paris me comble d’espérance et de joie. J’ai été tenté cent fois de lui écrire. Je lui écrirai dès

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.
  3. M. de Lasalle est ce membre du parlement de Toulouse qui seul ne douta jamais de l’innocence des Calas, et, dès les premiers jours, soutint son opinion contre toute la ville, la magistrature et le clergé de Toulouse, de vive voix et dans