Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/291

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tue et la plus embarrassante, et qu’il faut commencer par l’arracher ; je répliquerai :


Perge quo cœpisti pede.


La raison fait de grands progrès parmi nous ; mais gare qu’un jour le jansénisme ne fasse autant de mal que les jésuites en ont fait ! Que me servirait d’être délivré des renards, si on me livrait aux loups ? Dieu nous donne beaucoup de procureurs généraux qui aient, s’il est possible, votre éloquence et votre philosophie ! Je remarque que la philosophie est presque toujours venue à Paris des contrées septentrionales ; en récompense, Paris leur a toujours envoyé des modes.

J’oubliais de vous parler, monsieur, du procès de mes huguenots. Fussent-ils mahométans, vous leur donneriez gain de cause s’ils avaient raison.

Permettez, monsieur, que je vous renouvelle les sincères protestations de mon estime et de mon respect.


5085. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, novembre.

Mon cher ange, il est bien juste que M. le comte de Choiseul ait la consolation de vous tenir à Fontainebleau. Je m’imagine que votre esprit conciliant ne nuira pas à l’œuvre de la paix. Je vois bien des Anglais qui n’en veulent point, mais ils ne songent point que leur gouvernement doit plus de livres tournois qu’il n’y a de minutes depuis la création. J’en faisais le compte avec eux ces jours-ci, et il s’est trouvé juste.

Que M. le comte de Choiseul se garde bien de perdre un temps précieux à écrire à une marmotte des Alpes ; c’est bien assez qu’il soit content de mes sentiments, et qu’il ait la bonté de m’en assurer par vous.

Je ne sais plus où j’en suis pour Mariamne ; je n’ai point ici votre lettre où vous me parliez de quelques changements ; je me souviens seulement que vous me disiez que le second acte n’était pas fini. Cependant Mariamne sort pour aller


… consulter Dieu, l’honneur, et le devoir.

(Acte II, scène v.)

N’est-ce pas une raison de sortir quand on a de telles consultations à faire ? et ne voilà-t-il pas l’acte fini ? Vous parliez, mon