Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/339

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Adieu, mon cher ami ; je suis réduit à dicter, comme vous voyez : car, quoique je sois aussi jeune que vous, je n’ai pas votre vigueur.

Je vous embrasse de tout mon cœur. V.


5130. — POUR MADAME CALAS[1].

Il faut calmer les alarmes de Mme Calas. L’article de la procession abominable dans laquelle on se vante à Dieu tous les ans d’avoir égorgé, il y a deux siècles, quatre mille de ses concitoyens, est une chose qu’il faudrait graver en lettres d’or à toutes les portes des églises de Toulouse[2].

Cet article peut déplaire aux bedeaux et aux moines, et même aux marchands de cire qui vendent des cierges pour cette procession, mais tous les honnêtes gens de Paris en sont très-contents. Cette procession doit révolter l’esprit des juges. Il est d’ailleurs très-essentiel à la cause de faire voir l’excès du fanatisme qui règne dans la ville des jeux floraux, et de montrer que c’est ce fanatisme qui s’est emparé de la tête des huit juges qui ont rendu cet arrêt infernal.

Mme Calas doit s’apercevoir qu’on ne pense point du tout dans la capitale de la France comme dans celle des Visigoths.

Louis Calas ne sait ce qu’il dit ; il peut aller à la procession tant qu’il voudra, mais je pense que cette cérémonie d’Iroquois ne subsistera pas encore longtemps.

On peut envoyer à Mme Calas ce petit billet d’édification, qui est d’un bon catholique romain.


5131. — À M. MOULTOU[3].
9 janvier 1763.

Voici, monsieur, un mémoire qu’on m’envoie ; il avait été fait à Toulouse il y a très-longtemps[4]. Je suis bien fâché que les avo-

  1. Éditeur, A. Coquerel. — Copie d’une lettre de Voltaire, du 9 janvier 1763.
  2. Mme Calas parait s’être effrayée de ce que ses défenseurs attiraient sur sa cause toute la haine du clergé et de ses partisans en y mêlant la mention de cette horrible fête. (Note du premier éditeur.)
  3. Éditeur, A. Coquerel.
  4. Ce mémoire pourrait être un de ceux des avocats Sudre et Lavaysse père, en faveur de Jean Calas et du jeune Lavaysse ; mais il est plus probable que c’étaient les Observations publiées par le conseiller au parlement Lasalle, sous le nom du procureur Duroux. (Note du premier éditeur.)