Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/369

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mon attachement inviolable, mon respect, et, si vous le permettez, la tendresse avec laquelle je serai toute ma vie votre très-humble et très-obéissante et très-obligée servante.


« Corneille. »

D’ordinaire, elle forme mieux ses caractères ; mais aujourd’hui la main lui tremble. Mes anges lui pardonneront sans doute.

J’ai cru aussi qu’il était bon qu’elle écrivît à M.  le comte de La Tour-du-Pin, son parent. Il y a un petit mot pour son frère ; il ne le mérite guère, après la manière indigne dont il s’est conduit si chrétiennement[1] à l’aide de Fréron ; mais cet abbé avait mis deux lignes au bas d’une lettre du comte, à la mort de leur père ; ainsi on peut faire ici mention de lui, et cela est honnête.

P. S. On n’a eu la lettre, pour père et mère, qu’après avoir fermé le gros paquet. Mes anges auront donc toute l’endosse. Personne ne sait ici où demeure le cousin issu de germain des Horaces et de Cinna. Mes anges ont du crédit ; ils protègent Marie, et ils feront trouver père et mère ; ils remettront entre les mains de nos anges l’extrait baptistaire demandé, supposé qu’il y en ait un. S’il n’y en a point, nous nous en passerons très-bien. Le sacrement du baptême est peu de chose en comparaison de celui du mariage.


5163. — À M.  LEKAIN.
À Ferney, 27 janvier.

En attendant, mon grand acteur, que j’érige un monument à Corneille, Racine, et Molière, je fais une œuvre plus plaisante : je marie la nièce de Corneille ; et ce qu’il y a de bon, c’est que, tandis qu’on joue Dupuis à la Comédie, je la marie à un Dupuits. Ce n’est pas le vieux Dupuis, c’est un jeune gentilhomme, officier de dragons, dont les terres touchent précisément les miennes. Je garde chez moi futur et future ; et, quand vous viendrez nous voir, nous jouerons tous la comédie. Je ferai l’aveugle à merveille, car je le suis ; mais je ne dirai pas :


Dieu, qui fait tout pour le mieux,
M’a fait une grande grâce

  1. Voyez la note tome XLI, page 47.