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pour l’édition des œuvres de Corneille. Je me flatte qu’à la fin de l’année nous présenterons à cette bibliothèque le père de notre théâtre avec des commentaires.

J’aurais bien souhaité que vous eussiez été, monsieur, un des juges de l’Académie à qui j’ai envoyé mon ouvrage : vous m’auriez éclairé dans les comparaisons que je fais quelquefois du théâtre grec et du théâtre français. Je me flatte, du moins, que j’aurai l’honneur de vous compter un jour au nombre de mes confrères.

En attendant, j’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime et toute la reconnaissance que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


4822. — À M.  LEKAIN[1].
Aux Délices, 30 janvier.

Le libraire Duchesne m’a écrit pour me demander la permission d’imprimer la tragédie de Zulime. Je lui ai fait répondre que je le voulais bien, mais qu’il n’était pas temps. J’ai bien voulu, en effet, que Mlle  Clairon et M.  Lekain le choisissent pour imprimer cette pièce, dont je leur ai fait présent et qui leur appartient. Duchesne a abusé de ma lettre, qui n’était point du tout une permission formelle. Il s’est fait donner furtivement une copie de la pièce par le souffleur de la Comédie. Je laisse Mlle  Clairon et M.  Lekain les maîtres absolus de cette affaire.


4823. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Janvier.

Madame, je perds beaucoup à la mort de l’impératrice de Russie[3]. Mais je suis consolé si Votre Altesse sérénissime est heureuse, si elle est en parfaite santé, si ses États ne se ressentent point des suites de cette funeste guerre, qui désole presque toute l’Europe. Je dis au premier coup de canon : « En voilà pour sept ans au moins ; » et j’ai eu le malheur d’être prophète. Cela est un peu loin de la paix perpétuelle que Jean-Jacques Rousseau a si généreusement proposée, d’après le vertueux visionnaire l’abbé

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.
  3. Élisabeth Petrowna était morte le 5 janvier.