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5171. — À M.  DEBRUS[1].

Je pense qu’il est absolument nécessaire que la servante de Mme  Calas vienne chez moi. Elle y sera très-bien, on lui donnera des gages plus forts qu’à Toulouse. On les lui assurera pour sa vie. On aura soin d’elle si elle tombe malade.

Elle pourra répondre devant mon juge, que je ferai déléguer par le conseil pour recevoir ses dépositions[2].

Alors on pourra, en vertu de ses dépositions, faire un nouveau mémoire qui, résumant tous les autres, achèvera de convaincre le conseil et le public.


5172. — À M.  DE CHEINEVIÈRES.
Janvier.

Je vous donne avis, mon cher ami, que je marie Mlle  Corneille. Je deviens aveugle ; mais ce ne sera pas moi qui jouerai dans cette affaire le rôle de l’Amour : c’est un jeune gentilhomme de mon voisinage[3], dont les terres touchent les miennes ; il a environ huit mille livres de rente ; il est sage et doux, fort aimable, fort amoureux, et fort aimé. Je me flatte qu’ils seront tous deux heureux chez moi ; leur bonheur fera le mien : je finis ma vie en vrai patriarche. Que dites-vous de la destinée de Mlle  Corneille ? Ne la trouvez-vous pas singulière ? Une nouvelle singularité, c’est que l’on joue Dupuis à la Comédie française, et que mon gendre s’appelle Dupuits. Je crois que vous et la sœur du pot[4] vous vous intéressez à cette nouvelle. Voilà l’occasion de faire de ces jolis vers dont vous me favorisez quelquefois. Pour moi, je peux faire des mariages, mais je ne puis plus faire d’épithalames.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Il s’agit de Jeanne Viguier. Voltaire, seigneur de Ferney et comte de Tournay, avait le droit de faire rendre la justice en son nom ; on voit qu’il avait un juge à lui ; il comptait faire donner par le grand conseil à ce magistrat ce qu’on appelle une commission rogatoire. (Note du premier éditeur.)
  3. Voyez page 353.
  4. Mme  la duchesse d’Aiguillon ; voyez tome XXXIII, page 406.