Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/388

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toujours pouffer de rire (moi et le public, s’entend). Ô la plaisante chose que son sermon et la relation de sa dédicace[1] ! On est trop heureux qu’il y ait de pareilles gens dans le monde.

J’insiste pour que mon neveu d’Hornoy soit conseiller au parlement. Il ne fera jamais tant de bruit que l’abbé de Chauvelin ; mais enfin il sera tuteur des rois, et fera brûler son oncle tout comme un autre. En vérité, messieurs sont bien tendres aux mouches. S’ils criaient pour une particule conjonctive, je leur dirais : Messieurs, vous avez oublié la grammaire que les jésuites vous avaient enseignée.

Tout le public murmura, et le roi fut assassiné[2]. Quel rapport cette phrase peut-elle avoir avec le parlement de Paris ? Je présenterais requête au roi et à son conseil, comme les Calas, mais ce serait avant d’être roué ; et je ferais l’Europe juge entre le parlement et la grammaire. Je vous parle ainsi, mes anges, parce que je vous crois plutôt ministres d’un petit-fils de Louis XIV que partisans de la Fronde. Il est doux de dire ce qu’on pense à ses anges. Je vous avoue que je suis comme Platon ; je n’aime pas la tyrannie de plusieurs. Je sais que le parlement ne m’aime guère, parce que j’ai dit dans le Siècle de Louis XIV des vérités que je ne pouvais taire. Ce motif d’animosité n’est pas trop honorable. Je vous ai dit tout ce que j’avais sur le cœur ; cela me pesait. Mais que vos bontés pour moi ne s’alarment point ; je vous réponds qu’il ne subsiste aucune particule qui puisse déplaire.

Parlons du tripot pour vous égayer.

On dit que la très-sublime Clairon ne veut pas ôter le rôle de Mariamne à la très-dépenaillée Gaussin. Que voulez-vous ? ce n’est pas ma faute ; je ne peux rendre ni les hommes ni les filles raisonnables. Qui est-ce qui se rend justice ? Quel est le prédicateur de Saint-Roch qui ne croie surpasser Massillon ?

Je me rends justice, mes anges, en disant que mon cœur vous adore.


5181. — À M.  MOULTOU[3].

J’envoie à mon cher frère en un seul Dieu les deux petits chapitres que je viens de faire copier pour lui.

  1. Voyez, tome XXIV, page 457, la Lettre de M. de L’Écluse.
  2. Voyez la note, tome XV, page 388.
  3. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.