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sonnes sûres et qui sont en état de servir ; c’est le parti que prend l’auteur du Traité sur la Tolérance. On a écrit à Lausanne pour faire prier l’auteur des Lettres toulousaines de suspendre le débit de son livre jusqu’à la définition du procès des Calas.

Si M. Vernes peut obtenir par ses sollicitations cette suppression si nécessaire, il rendra un très-grand service ; l’auteur aura le temps de faire un second volume très-intéressant, dans lequel il pourra faire valoir avec juste raison la bonté du roi et l’équité du conseil ; il gagnera dans ce second volume les esprits qu’il effarouche dans le premier.

M. Vernes sent la nécessité de la circonspection que l’on demande ; chaque chose doit avoir son temps, et assurément l’auteur des Lettres toulousaines prend bien mal le sien.

On embrasse tendrement M. Vernes, et on a la plus grande envie de s’entretenir avec lui. V.


5235. — À M.  DAMILAVILLE.
Le 15 mars.

Mon cher frère, il y a donc de la justice sur la terre ; il y a donc de l’humanité. Les hommes ne sont donc pas tous de méchants coquins, comme on le dit.

Il me semble que le jour du conseil d’État est un grand jour pour la philosophie. C’est le jour de votre triomphe, mon cher frère ; vous avez bien aidé à la victoire ; vous avez servi les Calas mieux que personne.

Tout le monde dit que M. de Crosne a rapporté l’affaire avec une éloquence digne de l’auguste assemblée devant laquelle il parlait. Il est devenu célèbre tout d’un coup. C’est un jeune homme d’un rare mérite, et qui est un peu de nos adeptes, avec la prudence convenable : le temps n’est pas encore venu de s’expliquer tout haut. Je parie que le marquis Simon Lefranc est fâché de ce succès, et que son frère a dit la messe pour obtenir de Dieu que la requête fût rejetée.

Je reçois la jolie préface imprimée à Genève aux dépens des chirurgiens-dentistes[1] ; je crois que vous recevrez bientôt la Relation d’un Voyage, imprimée à Paris aux dépens de Simon Lefranc[2].

J’embrasse plus que jamais mon cher frère. Ècr. l’inf…

  1. Voltaire parle de la Lettre de M. de L’Écluse ; voyez tome XXIV, page 457.
  2. Voyez ibid., page 461.