Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/442

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Mes anges ont-ils trouvé quelque gros marguillier de Saint-Eustache qui ait déterré l’extrait baptistaire d’un Corneille, fils d’un Pierre Corneille, gentilhomme ordinaire du roi, et d’une Le Cochois ? Il ne m’est point venu de nouveaux Corneille ; mais, s’il m’en venait, ils ne m’ennuieraient pas plus que la Sophonisbe du grand Pierre, que je fais actuellement imprimer. Je ne sais si je vivrai assez longtemps pour finir cet ouvrage. Je presse Cramer tant que je peux, car j’aime à corriger des épreuves, et je crains les œuvres posthumes.

Je présente mes tendres respects à mes anges, et je leur demande pardon du gros paquet.


5242. — À M.  DE LA CHALOTAIS.
Aux Délices, 21 mars.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous renvoyer par M.  d’Argental le manuscrit que vous avez bien voulu me confier, et je vous assure que c’est avec bien de la peine que je m’en dessaisis. Il le fera contre-signer par M. le duc de Praslin, ou par quelque autre contre-signeur.

Ne doutez pas que cet ouvrage ne soit imprimé dans plus d’une ville, dès qu’il l’aura été à Rennes. Il sera bien plus aisé de le contrefaire que de l’imiter. Vous me ferez une très-grande grâce, monsieur, de daigner me faire parvenir le mémoire sur l’origine du parlement[1]. Si le paquet est gros, je vous prierai de l’adresser pour moi à M. Damilaville, premier commis du vingtième, quai Saint-Bernard, à Paris. Si le volume n’est pas considérable, comme je le crains, ayez la bonté de me l’envoyer en droiture.

J’ai peur de n’avoir pas des notions assez justes de cette origine : car, à commencer par l’origine du monde, je n’en vois aucune bien claire. Elles ressemblent assez aux généalogies des grandes maisons, qui commencent toutes par des fables. Quoique le nouveau tableau des sottises du genre humain soit déjà achevé d’imprimer sous le titre d’Essai sur l’Histoire générale, je n’en profiterai pas moins des lumières que vous aurez la bonté de me communiquer. Tout se rajuste au moyen de quelques cartons.

Vraiment, monsieur, le Jugement de la Raison est un joli sujet ;

  1. Peut-être le Mémoire touchant l’origine et l’autorité du parlement, dont il est parlé dans une note, tome XXVVIII, page 404.