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pluralité de huit voix contre cinq, et on exige 1,500 livres pour transcrire le griffonnage d’un abominable tribunal ! Et on veut que la veuve les paye[1] !

Est-il possible que le marquis de Gouvernet n’ait rien donné !

Oh ! la belle âme que celle de M. Debrus !

Je fais peu de chose. Je suis très-court. Le mariage de Mlle  Corneille et d’autres affaires m’ont épuisé. J’espère avec le temps pouvoir mieux faire.


5299. — À M.  VERNES.
Aux Délices, 24 mai.

Non, assurément, Jean-Jacques n’est pas ce que vous savez, et peu d’êtres pensants sont ce que vous savez. S’il y a une bonne morale dans les Mille et une Nuits, on adopte cette morale, et on rit des contes bleus. Les uns rient tout bas, les autres rient tout haut ; ceux qui rient sous cape persécutent quelquefois ceux qui ont ri trop fort, et qui ont réveillé leurs voisins par leurs éclats. Voilà le monde, mon très-cher curé ; et vous savez bien… (Je raye ceci par excès de discrétion.)

On dit que Jean-Jacques fait actuellement des fagots, comme le Médecin malgré lui[2] ; il en a tant conté qu’il est bien juste qu’il en fasse. À l’égard de son abdication, il se croit un Charles-Quint qui abdique l’empire.

La tolérance ne servira de rien, à moins qu’on ait des protections très-fortes. Il est difficile de persuader de si loin des âmes occupées de leurs intérêts, et entraînées par le torrent des affaires. Je ferai mes efforts, mais j’ai peu d’espérance ; je n’ai qu’un violent désir, parce qu’à Pékin et à Méaco ce serait une bonne œuvre.

C’est bien dommage qu’on n’ait pas fait une histoire des conciles, dans le goût naïf du Précis du Concile de Trente[3] : il faut espérer que quelque bonne âme rendra ce service aux honnêtes gens. Tout vient dans son temps, et un temps arrivera où l’on

  1. C’est en effet ce qu’exigea le parlement de Toulouse. Des copies collationnées de toute la procédure furent faites et certifiées par le greffe aux frais de Mme  Calas. Ce sont ces pièces qui existent aux archives, où je les ai longtemps étudiées ; j’ai vu également les originaux à Toulouse, et, je dois le dire, rien ne me fait croire aux falsifications que l’avocat Mariette redouta un moment. (Note du premier éditeur.)
  2. Acte Ier, scène vi.
  3. Voyez tome XII, j) page 512.