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5363. — À M.  DAMILAVILLE.
8 auguste.

Je vous prie, mon cher frère, de lire le nouveau Mémoire ci-joint, et de vouloir bien le faire passer à M. Mariette.

Vous avez dû recevoir une petite plainte de moi contre le receveur de notre vingtième[1], qui demeure à Belley, à quinze lieues de chez nous, et qui veut que nous lui envoyions un exprès pour le payer. Le directeur des vingtièmes du pays m’est venu voir, et s’est chargé d’accommoder l’affaire. Il se trouve que ce directeur est précisément M. de Marinval, à qui vous avez disputé ce que vous n’avez eu ni l’un ni l’autre.

Je n’ai point vu la lettre que Jean-Jacques a écrite à Paris, dans laquelle ce fou traite les philosophes aussi mal que les prêtres, afin qu’il ne lui reste aucun ami sur la terre.

J’ai lu les Quatre Saisons du cardinal de Bernis. Il y a la valeur de vingt-quatre saisons au moins. Les campagnes que j’habite ne sont pas si fertiles, il s’en faut de beaucoup. Quelle terrible profusion de vers !

Je prie mon cher frère de me mander s’il a reçu des paquets par M.  d’Argental, La poste est une belle invention, mais il faut un peu de fidélité et même d’indulgence.

Je prie mon cher frère de m’envoyer sur-le-champ la lettre de Jean-Jacques, s’il en a une copie. N’est-ce pas une lettre à M. le duc de Luxembourg, qui tient seize pages[2] ? On dit qu’elle a été lue de M. le dauphin.

Ma tendre bénédiction à tous les frères, Écr. l’inf…

  1. Voyez lettre 5352, page 529.
  2. Il parut en juillet 1763 une Lettre de J.-J. Rousseau de Genève, qui contient sa renonciation à la société et ses derniers adieux aux hommes. Cette lettre n’est point de J.-J, Rousseau ; elle est l’ouvrage de P.-F, de Lacroix, avocat de Toulouse ; et c’est probablement de cet écrit que veut parler Voltaire, La lettre au maréchal de Luxembourg, du 23 avril, n’a pas deux pages ; celle à M. Favre, premier syndic de la république de Genève, dans laquelle Rousseau abdique à perpétuité son droit de bourgeoisie, est du 12 mai 1763, et n’a guère plus d’une page.