Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/558

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tragique ; deux assassinats manqués peuvent faire rire, surtout quand il y en a un hasardé par une dame. Toutes les combinaisons que ce plan exige demandent beaucoup de temps. J’y rêverai, et j’y rêve déjà en vous contant la chose seulement.

Mes divins anges, mon affaire contre la sainte Église est entre les mains de M. Mariette : cette affaire est terrible. Si nous la perdions, tous les droits, tous les avantages de notre terre nous seraient infailliblement ravis ; nous aurions jeté plus de cent mille écus dans la rivière. Tous nos droits sont fondés sur le traité d’Arau : il ne s’agit aujourd’hui que de savoir qui devait être juge du traité d’Arau, ou le roi, qui le connaît, ou le parlement de Dijon, qui ne le connaît pas.

La république de Genève, intéressée comme moi dans cette affaire, a chargé M. Crommelin d’en parler ou d’en écrire à M. le duc de Praslin, afin que ce ministre puisse faire regarder au conseil cette affaire comme une affaire d’État, laquelle doit être jugée au conseil des parties, comme tous les procès de ce genre y ont été jugés.

Mais aujourd’hui il ne s’agit que de revenir contre un arrêt de ce même conseil des parties, obtenu par défaut et subrepticement contre MM. de Budé, qui n’en ont rien su, et qui étaient dans leurs terres de Savoie quand on a rendu cet arrêt. Il renvoie les parties plaider au parlement de Dijon, selon les conclusions de l’Église, et contre les déclarations de nos rois, que MM. de Budé n’ont pu faire valoir, dans l’ignorance où ils étaient des procédures que l’on faisait contre eux.

C’est à M. Mariette, chargé du pouvoir de MM. de Budé et du nôtre, à revenir contre cet arrêt, et à renouer l’affaire au conseil des parties.

Il sera peut-être nécessaire que préalablement nous obtenions des lettres patentes du roi, au rapport de M. le duc de Praslin. C’est ce que j’ignore, et sur quoi probablement M. Mariette m’instruira.

On m’avait mandé des bureaux de M. de Saint-Florentin que cette affaire dépendait de son ministère, parce qu’il a le département de l’Église ; mais M. le duc de Praslin a le département des traités.

Pompée et Fulvie disent qu’ils sont fort fâchés de cet incident, qui vient les croiser ; que le traité d’Arau n’a aucun rapport avec l’empire romain et les proscriptions.

Mes anges, ma tête bout et mes yeux brûlent. Je me mets l’ombre de vos ailes.