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de la petite ville de Paris, et le grave auteur de Cassandre a de plus longues vues. Cet ouvrage est un emblème. Que veut-il dire ? Que la confession, la communion, la profession de foi, etc., etc., sont visiblement prises des anciens. Un des plus profonds pédants de ce monde (et c’est moi) a fait une douzaine de commentaires par A et par B à la suite de cet ouvrage mystique, et je vous assure que cela est édifiant et curieux. Le tout ensemble fera un singulier recueil pour les âmes dévotes.

J’ai lu la belle lettre de Mme Scaliger à la nièce. Nous sommes dans un furieux embarras : si Mlle Dumesnil est ivre, adieu le rôle de Statira. Si elle n’est pas ivre, elle sera sublime. Mademoiselle Clairon, vous refusez Olympie ! mais vraiment vous n’êtes pas trop faite pour Olympie, et cependant il n’y a que vous, car on dit que cette Dubois est une grande marionnette, et que Mlle Hus n’est qu’une grande catin. Tirez-vous de là, mes anges ; vous serez bien habiles avec ces demoiselles de coulisses.

Et ma tracasserie avec cet animal de Gui Duchesne ? Vous ne me l’avez jamais mise au net. Encore une fois, je ne crois pas avoir fait un don positif à Gui Duchesne ; et je voudrais savoir précisément de quel degré est ma sottise. Sot homme est celui qui se laisse duper. Oh ! oh ! mes anges, mon cœur n’est accessible à l’amitié que pour vous seuls ; il est dur comme le pot de fer pour tout le reste ; il n’y a que pour vous qu’il sache s’attendrir.

Mon plus grand malheur, vous dis-je, est la mort d’Élisabeth. Je crois mon Schouvalow disgracié. On dit la paix faite entre Pierre III et Frédéric III. Ma chère Élisabeth détestait Luc, et je n’y avais pas peu contribué, et je riais dans ma barbe, car je suis un drôle de corps ; mais je ne ris plus, Mlle Clairon m’embarrasse,


4850. — À M. LE MARQUIS DE CHAUVELIN.
À Éphèse[1], 26 février.

Votre Excellence est bien persuadée de tous les sentiments que le roi mon maître[2] a pour elle. Il s’intéresse à votre santé ; il m’en a parlé avec une sensibilité qui est bien rare dans les personnes occupées de grandes affaires. C’est un exemple que vous lui avez donné ; il sait que, dans la guerre et dans les négocia-

  1. C’est à Éphèse qu’est la scène dans Olympie.
  2. Cassandre, roi de Macédoine