Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/305

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mais qui promet de se corriger ne tient jamais sa parole en aucun genre ; il n’y a que mon petit ex-jésuite qui songe sérieusement à se réformer. Il y travaille déjà ; il m’a envoyé des situations nouvelles, des sentiments, des vers ; j’espère que vous n’en serez pas mécontente. Il dit qu’il veut absolument en venir à son honneur, et qu’une conspiration conduite par vous doit réussir tôt ou tard. J’ai été assez édifié de la constance de ce jeune défroqué. Il ne s’est point dépité, il ne s’est point découragé, il a couru sur-le-champ au remède. Voici un petit mot qu’il vous supplie, madame, de faire remettre au grand acteur. Le petit jésuite supplie ses anges de lui renvoyer sa guenille ; vous en aurez bientôt une nouvelle ; il n’abandonne jamais ce qu’il a commencé : il dit qu’il faut mourir à la peine, ou réussir ; c’est un opiniâtre personnage. Voici bientôt le temps où nous allons établir la pension de Pierre Corneille ; ce sera M. Tronchin qui s’en chargera ; elle ne peut être en meilleures mains ; l’affaire sera plus prompte et plus nette ; c’est un grand plaisir que M. Tronchin nous fait. La petite Corneille-Dupuits est à vos pieds, et moi aussi.

Ma nièce partage tous les sentiments qui m’attachent à vous pour la vie.


5736. — À M. LEKAIN[1].
6 auguste.

Le petit ex-jésuite, mon cher ami, ne s’est point découragé ; il retravaille son ouvrage, il y jette un plus grand intérêt, il ajoute, il retranche, il refait, et vous aurez l’ouvrage dès qu’il y aura mis la dernière main. Il m’a chargé de vous prier instamment de remettre le manuscrit à certains adorables anges qui veulent bien avoir la bonté de le renvoyer au pauvre défroqué. Il m’assure par ses lettres qu’il vous est très-dévoué, et qu’il n’aspire qu’à vous donner des preuves de son amitié, Ne comptez pas moins sur la mienne ; vous savez combien j’aime vos talents et votre personne.


5737. — À M. ***.
Au château de Ferney, 6 auguste.

Mon âge et mes infirmités, monsieur, ne me permettent pas de répondre régulièrement au lettres dont on m’honore. Je

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.