Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si vous vouliez fournir un ou deux articles, vous embelliriez le recueil, vous le rendriez utile, et on vous garderait un profond secret.

Une main comme la vôtre doit servir à écraser les monstres de la superstition et du fanatisme ; et quand on peut rendre ce service aux hommes sans se compromettre, je crois qu’on y est obligé en conscience. J’ose vous demander ce petit travail comme une grande grâce, et je vous demande le reste comme une justice. Rien n’est plus vrai que tout ce que je vous ai dit sur le Dictionnaire philosophique. Votre voix est écoutée ; et quand vous direz que ce recueil est de plusieurs mains différentes, non-seulement on vous croira, mais on verra que ce n’est pas un seul homme qui attaque l’hydre du fanatisme ; que des philosophes de différents pays et de différentes sectes se réunissent pour le combattre. Cette réflexion même sera utile à la cause de la raison, si indignement persécutée par des fripons ignorants, si lâchement abandonnée par la plupart de ses partisans, mais qui à la fin doit triompher.

Dites-moi, je vous en prie, si ce n’est pas Diderot qui est l’auteur d’un livre singulier intitulé De la Nature[1]. Adieu, mon cher philosophe ; défendez la cause de la vérité et celle de votre ami. Quelle plus belle et plus juste pénitence pouvez-vous faire de ces deux cruelles lignes qui vous sont échappées contre Pierre Bayle ? et de qui attendrons-nous quelque consolation, si ce n’est de nos frères, et d’un frère tel que vous ?


5789. — À M. DAMILAVILLE.
12 octobre.

Voici, mon cher frère, un petit mot pour frère Protagoras[2].

Je ne sais si je vous ai mandé que l’article Messie, du Portatif, était du premier pasteur de l’église de Lausanne[3]. L’original est encore entre mes mains, et on en avait envoyé une copie, il y a cinq à six ans, aux libraires de l’Encyclopédie. Ce morceau me parut assez bien fait : vous pouvez voir si on en a fait usage. Il me semble que le même ministre, qui se nomme Polier de Bottens, en avait envoyé plusieurs autres.

L’article Apocalypse est fait par un homme d’un très-grand

  1. Voyez la note tome XLI, page 547.
  2. D’Alembert : c’est la lettre précédente.
  3. Voyez la note, tome XX, page 62.