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mon voisinage qu’on l’était à Paris du temps des billets de confession ; mais le ridicule est d’une espèce toute contraire.


5877. — À MESSIEURS DU MAGNIFIQUE CONSEIL
de genève[1].
Ferney, 12 janvier 1765.

Je suis obligé d’avertir le magnifique conseil que, parmi les libelles pernicieux dont cette ville est inondée, et qui sont tous imprimés à Amsterdam chez Michel Rey, il arrive lundi prochain chez le nommé Chirol, libraire de Genève, un ballot contenant des Dictionnaire philosophique, des Évangile de la raison, et autres sottises que l’on a l’insolence de m’imputer et que je méprise presque autant que les Lettres de la montagne. Je crois satisfaire mon devoir en donnant cet avis, et je m’en remets entièrement à la sagesse du conseil, qui saura bien réprimer toutes les infractions à la paix publique et au bon ordre. Je ne dois que me borner à l’assurer de mon profond respect.


5878. — À M. DAMILAVILLE.
12 janvier.

Quelle horreur ! quelle abomination, mon cher frère ! il y a donc en effet des diables ! Vraiment, je ne le croyais pas. Comment peut-on imaginer une telle absurdité ? Suis-je un prêtre ? suis-je un ministre ? En vérité cela fait pitié. Mais ce qui fait plus de pitié encore, c’est l’affreuse conduite de Jean-Jacques ; on ne connaît pas ce monstre.

Tenez, voilà deux feuillets de ses Lettres de la montagne, et voilà la lettre que j’ai été forcé d’écrire à Mme la maréchale de Luxembourg[2], qu’il a eu l’adresse de prévenir contre moi. Je vous prie de n’en point tirer de copie, mais de la faire lire à M. d’Argental : c’est toute la vengeance que je tirerai de ce malheureux. Quel temps, grand Dieu, a-t-il pris pour rendre la philosophie odieuse ! le temps même où elle allait triompher.

Je me flatte que vous montrerez à Protagoras-Archimède la copie que je vous envoie. Je vous avoue que tous ces attentats

  1. Archives de Genève, n° 4890. — Gaberel, Voltaire et les Genevois, 1856. — Desnoiresterres, 'Voltaire et J.-J. Rousseau, page 344.
  2. La lettre du 9 janvier, n° 5875.