Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/104

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Du palais le plus délicat.
Ma bague était fort peu de chose ;
On la taille en beau diamant :
Honneur à l’enchanteur charmant
Qui fit cette métamorphose !


Vous sentez bien, monsieur l’évêque de Montrouge, à qui sont adressés ces mauvais vers. Je vous prie de présenter mes compliments à M. Favart, qui est un des deux conservateurs des grâces et de la gaieté françaises. Comme il y a environ dix ans que vous ne m’avez écrit, je n’ose vous dire : Ô mon ami ! écrivez-moi ; mais je vous dis : Ah ! mon ami, vous m’avez oublié net.


6143. — À M. LE PRINCE DE GALLITZIN.
Octobre.

Monsieur, j’ai trop d’obligations à Sa Majesté impériale, je lui suis trop respectueusement attaché pour ne l’avoir pas servie, autant qu’il a dépendu de moi, dans le dessein qu’elle a eu de faire venir dans son empire quelques femmes de Genève et du pays de Vaud[1], pour enseigner la langue française à des jeunes filles de qualité à Moscou et à Pétersbourg. C’est d’ailleurs un si grand honneur pour notre langue que j’aurais secondé cette entreprise, quand même la reconnaissance ne m’en aurait pas imposé le devoir.

M. le comte de Schouvalow a déjà rendu compte à Votre Excellence de toute cette affaire, et de la manière dont le petit conseil de Genève a fait sortir de la ville M. le comte de Bulau, chargé des ordres de l’impératrice. Je peux assurer à Votre Excellence que jamais il n’a été défendu à aucun Genevois ni à aucune Genevoise d’aller s’établir où bon leur semble. Ce droit naturel est une partie essentielle des droits de cette petite nation, dont le gouvernement est démocratique. Il est vrai qu’elle ne prétend pas qu’on fasse des recrues chez elle, et M. le duc de Choiseul même a eu la bonté de souffrir que les capitaines genevois au service de France ne fissent point de recrues à Genève, quoiqu’il fût très en droit de l’exiger ; mais il y a une grande différence entre battre la caisse pour enrôler des soldats, et accepter les conditions que demandent des femmes, maîtresses d’elles-mêmes, pour aller enseigner la jeunesse.

  1. Voyez les lettres 6118 et 6113.