Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/149

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On prétend que vous avez des affaires et des procès : qui terre n’a pas souvent a guerre, à plus forte raison qui terre a.


Di tibi divitias dede · · · · · Di tibi formam,
Di tibi divitias dederunt, artemque fruendi.

(Hor., lib. I, ep. iv.)

Ajoutez-y surtout la santé, et ayez la bonté de m’en dire des nouvelles quand vous n’aurez rien à faire. L’absence ne m’empêchera jamais de m’intéresser à votre bien-être et à vos plaisirs. Si vous êtes dans le tourbillon, vous me négligerez ; si vous en êtes dehors, vous vous souviendrez, monsieur, d’un des plus vrais amis que vous ayez. Vous l’avez dit dans vos vers[1], et je ne vous démentirai jamais.


6186. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
14 décembre.

Mes anges, vous n’allez point à Fontainebleau, vous êtes fort sages ; ce séjour doit être fort malsain, et vous y seriez trop mal à votre aise. J’ai peur que la cour n’y reste tout l’hiver. J’ai peur aussi que vous n’ayez pas de grands plaisirs à Paris ; la maladie de monsieur le dauphin doit porter partout la tristesse. Cependant voilà une comédie de Sedaine[2] qui réussit et qui vous amuse ; celle de Genève ne finira pas sitôt. Je crois, entre nous, que le conseil s’est trop flatté que M. le duc de Praslin lui donnerait raison en tout. Cette espérance l’a rendu plus difficile, et les citoyens en sont plus obstinés. J’ai préparé quelques voies d’accommodement sur deux articles ; mais le dernier surtout sera très-épineux, et demandera toute la sagacité de M. Hennin. Je lui remettrai mon mémoire[3] et la consultation de votre avocat : cet avocat me parait un homme d’un grand sens et d’un esprit plein de ressources. Si vous jugez à propos, mes divins anges,

  1. Voici les vers de Villette au bas du portrait, de Voltaire :

    Jadis à sSes talents l’ont déifié,
    Jadis à sL’Europe moderne l’honora ;
    Jadis à ses autels elle eût sacrifié.
    Ce qui flatte mon cœur, et m’est plus cher encore,
    Jadis à sIl eut pour moi de l’amitié.

  2. Le Philosophe sans le savoir, comédie en cinq actes et en prose, jouée le 2 décembre 1765.
  3. Celui dont il parle dans la lettre 6165.