Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/231

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la paix de Genève, demeureront toujours les juges de la nécessité ou de l’inutilité d’assembler le conseil général. L’ambassadeur de France en Suisse, étant toujours à portée, et devant avoir naturellement une grande influence sur les opinions de Zurich et de Berne, se trouvera le chef perpétuel d’un tribunal suprême qui décidera des petites contestations de Genève.

Il me semble que c’est l’idée de M.  Hennin. Lorsque, dans les occasions importantes, la plus nombreuse partie des citoyens qui ont voix délibérative au conseil général demanderont qu’il soit assemblé, le conseil des Vingt-Cinq, joint au conseil des Deux-Cents, sera juge de cette réquisition en premier ressort ; monsieur l’ambassadeur de France, l’envoyé de Berne, et le bourgmestre de Zurich, seront juges en dernier ressort, et ils prononceront sur les mémoires que les deux partis leur enverront.

Si ce règlement a lieu, comme il est très-vraisemblable, Genève sera toujours sous la protection immédiate du roi, sans rien perdre de sa liberté et de son indépendance.

On espère que cette protection pourra s’étendre jusqu’à faciliter aux Genevois les moyens d’acquérir des terres dans le pays de Gex. Plus le roi de Sardaigne les moleste vers la frontière de la Savoie, plus nous profiterions, sur nos frontières, des grâces que Sa Majesté daignerait leur faire. Le pays produirait bientôt au roi le double de ce qu’il produit ; nos terres tripleraient de prix, les droits de mouvance seraient fréquents et considérables ; les Genevois rendraient insensiblement à la France une partie des sommes immenses qu’ils tirent de nous annuellement, et ils seraient sous la main du ministère.

Ce qui empêche jusqu’à présent les Genevois d’acquérir dans notre pays, c’est que non-seulement on les met à la taille, mais on les charge excessivement. M.  Hennin et M.  Fabry croient qu’il sera très-aisé de lever cet obstacle, en imposant, sur les acquisitions que les Genevois pourront faire, une taxe invariable qui ne les assujettira pas à l’avilissement de la taille, et qui produira davantage au roi.

J’ajoute encore que, par cet arrangement, il sera bien plus aisé d’empêcher la contrebande ; mais cet objet regarde les fermes générales.

Il ne m’appartient pas de faire des propositions ; je me borne à des souhaits. Vous me direz que je suis un peu intéressé à tout cela, et que Ferney deviendrait une terre considérable : je l’avoue ; mais c’est une raison de plus pour que je demande la protection de M.  le duc de Praslin, et ce n’est pas une raison pour qu’il me